Et si l’agriculture n’était pas une fin en soi !

Avec une superficie de 2,38 millions de km² et une côte de 1 200 kilomètres, l’Algérie est le pays le plus vaste du pourtour méditerranéen mais ne possède pas la façade maritime la plus importante. Ces deux paramètres renseignent sur les potentialités mais aussi les défis qui caractérisent le secteur de la logistique et des infrastructures agro-alimentaires de ce pays.
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34 Réponses to “Et si l’agriculture n’était pas une fin en soi !”

  1. Agronome Says:

    ALGERIE : ENFIN DE LA MELASSE POUR VEAUX VACHES ET MOUTONS.
    ALGERIE : ENFIN DE LA MELASSE POUR VEAUX VACHES ET MOUTONS.
    Djamel BELAID 2.02.2016

    Enfin, de la mélasse disponible en grande quantité sur le marché algérien. On le doit à la raffinerie de sucre d’Ouled-Moussa. Cette usine d’une capacité de 150 000 T/an est issue du partenariat LaBelle et du groupe coopératif français Cristal Union. L’entrée en production date de début décembre 2015. Veaux, vaches et moutons vont pouvoir profiter de la mélasse, un sous-produit issu du raffinage du sucre roux importé du Brésil.

    LA MELASSE, UNE SOURCE D’ENERGIE POUR LES RUMINANTS

    Le cheptel local souffre d’une terrible carence en aliments concentrés et en fourrages. Cette situation oblige à des importations annuelles de 1,4 milliards1 de tourteaux de soja et de maïs.
    Face à l’insuffisance de la production locale, il est possible de proposer aux éleveurs de ruminants des blocs multinutritionnels (BMN). Des chercheurs de l’ENSA d’El-Harrach ont développé dès 1998 ce type de produits avec l’aide du Pr Tisserand2.

    Le principe est de fabriquer à l’aide d’une bétonnière et d’une machine à parpaing des blocs de son ou de paille broyée enrichie de sous produits de l’industrie agro-alimentaire et d’urée. A cela peuvent être rajoutés sel de cuisine et un liant (ciment ou chaux éteinte). Le principe de fabrication est simple et est largement vulgarisé sur internet, notamment par les services élevage de la FAO. Il suffit de taper « Blocs multinutritionnels + mélasse » sur google pour trouver e nombreuses références.
    Des chercheurs algériens ont même testé des BMN à partir de rebuts de dattes et de palmes de palmiers dattiers broyées.

    Photo: Le silo bulle de la raffinerie d’Ouled Moussa

    LA MELASSE CONVOITEE PAR DE NOMBREUX INDUSTRIELS.

    La production locale de mélasse a démarré avant l’indépendance avec la construction de la première raffinerie de betteraves à sucre. Dans les années 80 avec l’essor du raffinage de sucre roux de canne à sucre cette production a augmenté. En effet, la mélasse représente en moyenne 2% des quantité de sucre roux raffiné. Cependant, ce sous produit de l’industrie sucrière est très convoité. Il entre en effet dans la production de levure de bière et d’alcool chirurgical. Rappelons que la levure de bière est indispensable à la fabrication du pain. On lira avec intérêt l’excellent article de Naima Benouaret dans El-Watan économie3 consacré à la production locale de mélasse mais également à son importation.

    On peut espérer que l’ouverture du complexe D’Ouled-Moussa réduira les tensions sur le marché de la mélasse et permettra son utilisation en l’élevage.

    AVEC CRISTAL-UNION, RELANCER LA PRODUCTION DE BETTERAVE A SUCRE DZ ?

    Le partenaire français de LaBelle n’est pas un inconnu en France. C’est même l’un des numéro un de la production de sucre de betterave. Il s’agit d’un grand groupe coopératif qui rassemble la fine fleur des betteraviers français.
    Sans le savoir, le gouvernement dispose là d’un atout considérable : un partenaire sachant produire de la betterave. Les détracteurs du made in Algeria ont de tout temps affirmé que la production de betterave n’est pas rentable en Algérie. Le succès de la filière betteravière au Maroc démontre le contraire.
    Bien que l’accord de Cristal Union soit établi avec un partenaire DZ privé, les pouvoirs publics pourraient exiger – moyennant intéressement financier – une politique de contractualisation permettant de produire localement de la betterave. Certes, une telle orientation nécessite la construction d’usines de traitement des racines de betterave. L’investissement initial n’est pas négligeable, mais au vu du niveau des importations de sucre roux, le jeu en vaut la chandelle.
    Les producteurs de tomate industrielle ont montré leur capacité à industrialiser un produit frais et périssable comme la tomate. De même que les producteurs de pomme de terre arrivent progressivement à l’autosuffisance nationale. Ne faudrait-il pas proposer à ces producteurs, dans certains bassins de production, de produire de la betterave à sucre ? Les ingénieurs et les agriculteurs marocains maitrisent cette production. Par ailleurs Cristal Union est également présente au Maroc, elle possède donc des références techniques pour cette culture dans les conditions du Maghreb. Par ailleurs, il faut noter, que les progrès agronomiques permettent de simplifier l’itinéraire technique de cette culture. La génétique permet des variétés précoces et mono-germe ce qui évite dorénavant l’ancien démariage manuel. Le désherbage chimique permet la maîtrise des mauvaises herbes. Quant à la récolte elle est aujourd’hui totalement mécanisable.

    La balle est dans le camp des décideurs Algériens…

    Notes:
    1Ce chiffre comporte également les aliments destinés aux volailles.
    2 Mohamed Houmani, Jean-Louis Tisserand. Complémentation d’une paille de blé avec des blocs multinutritionnels : effets sur la digestibilité de la paille et intérêt pour des brebis taries et des agneaux en croissance. Annales de zootechnie, 1999, 48 (3), pp.199-209. HAL Id: hal-00889794 https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-00889794
    3 Complexe des levures de Boucheguouf (Guelma) : Un colosse devenu l’ombre de lui-même. El Watan Economie 22/12/2014 Naima Benouaret

  2. http://www.elwatan.com//economie/le-cout-eleve-du-rendement-agricole-24-11-2014-278900_111.php

    « on ne pourra pas faire autrement – OGM » faux faux archi faux, c’est révoltant

  3. Agronome Says:

    J’ai plusieurs fois retourné dans ma tête ce titre de MR NAILI: « Et si l’agriculture n’était pas une fin en soit? ». Je lui ai finalement trouver ce sens: apporter des produits agricoles aux populations urbaines mais également apporter un revenu aux populations sur l’ensemble du territoire national.

    AUGMENTATION DE LA PRODUCTION DE LAIT EN ALGERIE : DANS MADR, NE PAS OUBLIER LE « D » ET LE « R ».

    Djamel BELAID Ingénieur Agronome. 23.03.2014

    Suite aux pénuries de lait ayant récemment concerné plusieurs villes en Algérie, le lait est plus que jamais un sujet d’actualité. La presse note régulièrement de dysfonctionnements dans la distribution du lait reconstitué à partir de poudre de lait importée. Les pouvoirs publics et en particulier le MADR sont amenés à des annonces. De quels leviers disposent-ils afin d’accroitre la production locale et d’assurer des revenus au million de familles paysannes que compte le pays ?

    I- FILIERE LAIT EN ALGERIE, UN DEVELOPPEMENT RECENT

    La consommation locale est bien plus supérieure que la production. D’où un recours massif à l’importation de poudre de lait. La solution adoptée par les pouvoirs publics a été également d’importer des génisses. Cela a suscité un vif intérêt des investisseurs locaux dont certains n’ont cependant pas de terres. On assiste ainsi à un fort développement de l’élevage hors sol. Mais les prix élevés des aliments concentrés et du foin rend difficilement rémunérateur ce type d’élevage. Il ne se maintient que grâce à des subventions qui concernent également collecteurs et laiteries.

    Une partie de la poudre de lait attribuée aux laiteries est détournée pour la fabrication de produits dérivés permettant de meilleures marges. Cela a récemment poussé le MADR à en fermer plusieurs pour non respect de leurs obligations.
    Le paysage laitier est actuellement marqué par diverses initiatives. Les producteurs disposant suffisamment de terres se tournent progressivement vers la production de fourrages verts. Des laiteries telles Danone-Djurdjura améliorent régulièrement leur collecte en lait frais. De son côté le MADR a engagé un partenariat avec des éleveurs bretons dans le cadre du projet Alban dont un des aspects consiste à mettre sur pied des groupes d’appui technique. Des discussions sont également en cours avec une société irlandaise pour la mise en place entre El Ménéa et Ghardaïa de 12 fermes de 3000 vaches laitières chacune réparties sur superficie de 120 000 ha. L’investissement serait réalisé selon la règle 51/49. La presse note que les pouvoirs publics auraient déjà réservé 5000 ha pour lancer le projet.
    II-NOURRIR, NOURRIR ET ENCORE NOURRIR LES VACHES
    Quels sont les caractéristiques et les besoins du cheptel local?
    Pour produire plus, il s’agit tout d’abord de disposer d’un cheptel de bon niveau génétique. L’importation massive de génisses a permis d’atteindre cet objectif. Le développement de l’insémination artificielle (50% du cheptel) permet d’améliorer les performances génétiques du cheptel.

    Il s’agit également d’assurer une alimentation adéquate des bêtes. C’est là que le bat blesse. La production de fourrages verts ne suit pas. Le sorgho connait un timide développement. La production de fourrage concerne surtout un foin de vesce-avoine de mauvaise qualité car récolté tardivement. Il manque des moyens d’irrigation bien que des kits d’aspersion et des enrouleurs commencent à être fabriqués sur place par Anabib. Les ensileuses et enrubanneuses sont pratiquement inconnues de la majorité des éleveurs. Concernant l’alimentation minérale, les pierres à lécher sont peu disponibles.
    En matière de suivi des élevages, l’hygiène de la traite laisse à désirer. Les techniciens d’Alban ont noté la forte présence de mammites. Concernant l’aménagement des bâtiments, nombre d’entre eux ne sont pas conformes. La plupart n’offrent même pas un abreuvement en eau continu pour les bêtes. Et cela, même en plein été. Du point de vue sanitaire la présence de vétérinaires locaux en assez grand nombre permet un assez bon suivi sanitaire. Ce qui n’empêche pas, parfois des cas de tuberculose bovine.
    Il apparait donc, que le contexte local est marqué par des insuffisances (alimentation) mais qu’il existe des potentialités notamment concernant les moyens humains. Le constat étant connu, que faire pour améliorer les choses ? Sur quels leviers agir prioritairement ?

    III- LE MADR SUR TOUS LES FRONTS ENTRE VITESSE ET PRECIPITATION

    A-Méga projet irlandais, mais où est le « DR » dans MADR ?

    La presse fait état régulièrement d’un méga projet de fermes laitières dans le Sud du pays. Penser développer une production laitière sous 50°C en milieu aride pour approvisionner toute l’Algérie est une hérésie. Il faut savoir que les vaches laitières sont stressées par les fortes chaleurs. Et dans ces cas là les conséquences ne se font pas attendre : la production chute. Des experts laitiers Hollandais ont déjà tiré la sonnette d’alarme concernant des bêtes pourtant élevées dans la partie Nord du pays. Faudrait-il mettre la climatisation dans les étables ? Et si c’était possible, mais pour quel coût du litre de lait ?
    Mais surtout, dans le grand Sud, l’eau reste une denrée précieuse. Si les nappes phréatiques sont abondantes quel taux de renouvellement par les pluies peut-on attendre sous de tels climats ? L’eau est également salée. La forte évaporation et les irrigations sont à l’origine d’une accumulation de sels. En quelques années, celle-ci provoque une salinisation des sols et une baisse des rendements des céréales actuellement installées sous pivots. Ce qui a obligé des investisseurs à régulièrement déplacer leurs pivots amenant ce commentaire d’un pédologue local : « nous avons réussi à désertifier le désert ».
    Si une production laitière est à envisager dans le grand Sud, elle doit concerner l’auto-consommation locale des populations. L’eau disponible est à réserver à des systèmes de cultures qui ont fait leurs preuves : palmiers dattiers avec en dessous un étage d’arbres fruitiers puis des légumes ou des fourrages (luzerne, sorgho).

    Dans les déclarations qui entourent la préparation de ce projet, le MADR assure d’un réel transfert de technologie. Mais un transfert au bénéfice de qui ? Les grandes fermes envisagées n’utiliseront que peu de main d’œuvre. En Irlande, les éleveurs en sont à utiliser des robots de traite. Les vaches se présentent d’elles mêmes à la traite. Imaginons qu’il y ait des techniciens algériens embauchés. Mais ensuite le transfert devra se faire vers les éleveurs une fois les Irlandais partis. Or, un élevage laitier, c’est toute la journée que doivent être assurés les soins. Qui mieux que le propriétaire des bêtes pour s’occuper du troupeau ? Il suffit que la désinfection des trayons ne soit pas assurée une seule fois après la traite pour qu’une vache attrape des mammites et que la production de lait chute. Si transfert de technologie il doit y avoir, c’est dans le cadre d’un triptyque : partenaire étranger, techniciens algériens et éleveurs algériens. Et non pas dans un tête à tête Irlandais – techniciens algériens. Un tel projet est une négation de la dimension « Développement rural » que doit assurer le MADR.

    B-Projet Alban, mais quelle tutelle pour les groupes d’appui ?

    Le projet Alban consiste à importer des génisses, du matériel et à former des techniciens algériens auprès de leurs homologues français en situation dans des élevages en Bretagne. Par la suite, ceux-ci forment à leur tour, en présence de techniciens bretons, des cadres locaux dans 3 wilayas pilotes. Certes, la partie française aide ses entreprises à exporter. Cependant, pour la partie algérienne, outre le capital génétique constitué par l’importation de génisses, il y a un réel transfert de savoir faire. C’est vrai qu’il s’agit de gestes simples : (rationnement, hygiène de la traite, aménagement des locaux, …) mais il y a le management, la rigueur de l’organisation laitière.

    Cette rigueur dans par exemple la nécessité d’apporter des correctifs dans l’aménagement des étables a parfois amené des éleveurs à émettre des protestations lors du passage ministre de l’agriculture lors d’un précédent salon agricole.
    Cet incident illustre la question du statut de l’encadrement formé par Alban : les groupes d’appuis lait (Gaspels). S’agit-il de personnels qui seront sous l’autorité des services agricoles, des Chambres d’Agriculture ou des laiteries ? Cela est un point déterminant. La réussite de l’élevage laitier nécessite des éleveurs dévoués à leurs bêtes. Dans le cas algérien, ils le sont. Cela nécessite également des techniciens de terrain compétents et motivés. Il ne sert à rien de former des techniciens qui resteront dans des bureaux. Un groupe d’appui lait consiste en des techniciens qui chaussent des bottes et qui n’ont pas peur de fouler la bouse de vache.

    C-Danone, un partage des bonnes pratiques entre les éleveurs.

    Dans le paysage local, la laiterie Danone-Djurdjura tranche. Elle adopte une toute autre approche. Forte de ses 90 ans d’expérience, la partie française assure aux éleveurs sous contrat un appui technique efficace.
    L’entreprise offre des primes à la qualité et finance l’achat d’équipements et de génisses. Danone assure des formations et le «partage des bonnes pratiques entre les éleveurs». Par ailleurs, des agents ont été formés au contrôle laitier afin de garantir « le niveau élevé de sécurité et de qualité du produit».
    Parmi cette batterie de mesures, le « partage de bonnes pratiques entre éleveurs » est à relever. La mise en avant de techniques qui ont fait leurs preuves chez des éleveurs de pointe est la meilleure façon de convaincre les voisins à la traine. En effet, l’argument est imparable : si la technique a marché chez un éleveur pourquoi ne fonctionnerait-elle pas chez un autre ? On n’est plus dans un schéma strictement de type « top-down ».

    En général, la relation entre une laiterie collectant du lait frais et les éleveurs est particulière. La laiterie a besoin d’un accroissement de la collecte de lait et d’un lait de qualité. Elle est la structure la plus intéressée par l’augmentation de la production. De ce fait, elle est donc la structure la mieux placée pour s’adresser aux éleveurs (appui lait).
    De leurs côtés les éleveurs ont besoin d’augmenter leur technicité afin d’augmenter le niveau de leur production afin d’améliorer leur revenu.

    Techniquement parlant, il s’agit de la meilleure forme de conseil technique qu’on puisse imaginer. Il n’est nécessaire de mettre une pointeuse biométrique derrière chaque technicien. Il suffit de contrôler le volume de collecte et le rendement par vache du secteur dont il a la responsabilité. Muni d’un véhicule de service ou assuré du remboursement des frais kilométriques, à lui d’assurer son planning d’intervention chez les éleveurs. C’est ce qu’on appelle l’obligation de résultats.
    Reste que dans un schéma où les laiteries sont sous statut privé, celles-ci peuvent avoir tendance à minorer les avantages proposés aux éleveurs. Dans le cas où les laiteries sont sous statut coopératif et sont l’émanation des éleveurs, la totalité des bénéfices leurs sont redistribués. Il y a là 2 logiques différentes.

    IV-APPUI TECHNIQUE, FAIRE COMME GROUPE BENAMOR ?

    Afin d’augmenter la production de lait, comme cela est pratiqué en Europe avec la PAC, les pouvoirs publics ont massivement attribués des subventions au secteur laitier. Cela a permis un bond spectaculaire.
    Comment transformer l’essai ? Puis comment progressivement réduire un niveau de subventions difficile à maintenir sur le long terme pour les finances publiques?
    L’effort d’importation de génisses et le développement de l’insémination artificielle assurent un bon niveau génétique du cheptel. Notons, qu’Il est cependant nécessaire de préserver le capital génétique du cheptel local.
    Le problème principal réside actuellement dans la production de fourrages. Pour certains éleveurs le problème est de ne pas posséder de terres, notamment en zone de montagne. Faut-il envisager une politique de concessions de terres agricoles ? Pour ceux qui ont des surfaces la question est d’apprendre à cultiver des fourrages verts. Penser à axer principalement cette production fourragère dans la zone aride du pays est une erreur. L’idéal est de produire des fourrages dans les zones à bonne pluviométrie ou à la rigueur dans l’étage semi-aride.
    La réussite de l’élevage passe aussi par le suivi des élevages et une maîtrise de l’hygiène. La politique de formation de cadres permet de disposer d’un encadrement qualifié. Cependant, il manque des vachers et un management efficace des techniciens. L’annonce de l’ouverture programmée d’écoles professionnelles est encourageante.

    Parmi les stratégies possibles, celle de déléguer à des Irlandais l’élevage laitier en milieu aride pourrait faire rire si le sujet n’était pas aussi grave. Outre l’aspect climatique, la vocation du MADR est certes d’assurer l’augmentation de la production de lait mais aussi d’assurer un revenu digne au million de familles paysannes vivant de l’agriculture. Le méga projet dessaisirait les petites et moyennes exploitations de leur activité et cela au profit de qui ? Il faut par exemple voir la détresse de certaines populations du Sud laissée sur le côté du développement. C’est le cas du quartier El Haïcha de Hassi Messaoud que décrit un quotidien national de ce jour. « Nass aïcha ou nass El Haïcha taïcha !» disent ces laissés pour compte du développement. Pourquoi ne pas préférer des projets offrant plus de perspectives d’emplois ?

    Certes, ce n’est pas des exploitations avec 3 vaches laitières qui assureront l’autonomie laitière du pays. Mais ces exploitations assurent une autoconsommation et un approvisionnement en lait du voisinage par des circuits courts. Ces productions mêmes minimes, créent de la valeur. Elles permettent un revenu et en fixant les populations rurales limitent le nombre de bouches urbaines à nourrir. A côté de cela, l’effort du MADR doit également viser à aider des exploitations moyennes dont la taille est à déterminer en tenant compte d’un seuil de rentabilité et de l’emploi. Au Maroc, les éleveurs sélectionnés par le projet laitier Imtiyaz doivent par exemple disposer au moins de 10 hectares irrigables.
    Si une production laitière est à envisager dans le grand Sud, elle doit concerner l’autoconsommation locale des populations. La stratégie permettant une agriculture durable est de consolider les schémas qui réussissent tel celui de la laiterie Danone-Djurdjura. Comme le fait le Groupe Benamor pour le blé dur et la tomate industrielle, c’est un centre de collecte privé ou coopératif qui est le mieux à même d’organiser l’activité d’appui technique à des agriculteurs sous contrats afin d’améliorer les quantités et la qualité des produits collectés.

    Les Chambres d’Agriculture mériteraient également d’être le lieu d’une meilleure participation des agriculteurs regroupés dans des associations représentatives et un syndicalisme authentique. C’est dans ce cadre d’une cogestion que le MADR devrait progressivement attribuer à des représentants paysans démocratiquement élus plus de responsabilités, plus de moyens financiers et humains, et plus de pouvoir d’attributions de subventions à répartir. Cela, tout en se gardant le pouvoir régalien du contrôle à posteriori. C’est au MADR d’initier la formation de cadres du mouvement associatif et coopératif paysan. Ce sont ses interlocuteurs pour demain. C’est par le biais de ces structures que pourra se faire l’amélioration des productions agricoles. Il ne faut pas oublier combien de cadres a donné le monde paysan lors au mouvement de libération national. Pourquoi ignorer sa disponibilité pour des actions de développement dont ne pourra jamais égaler la plus performante structure administrative du MADR?

    N’aurait-il pas fallu, par exemple, proposer à MM. Rabah Ouguemmat et Mouloud Amis respectivement président et le secrétaire général de l’association pour le développement de l’agriculture de la commune de Timizart et animateurs d’un mouvement syndical responsable début mars un poste budgétaire? Poste, afin que ces éleveurs organisés en association recrutent eux même un technicien en élevage. Technicien qui puisse les initier aux techniques modernes permettant d’améliorer leur revenu non pas par d’éternelles subventions mais par une réduction du coût des charges en fourrage ? Technicien qui n’aurait pas été envoyé par l’administration mais qui dépendrait directement de l’association et au service de ses membres. De nouvelles sources de financement sont possibles. Il serait temps de revoir les scandaleuses exonérations dont bénéficient les propriétaires de chambres froides pour fruits et légumes et de réorienter intelligemment ces fonds vers des productions déficitaires pour des actions d’animation technique de terrain.

    Sans cette vison de ses réelles missions le MADR continuera à constater l’insuffisance de ses actions que l’actuelle aisance budgétaire parvient à masquer. Qu’en sera-t-il en cas de retour des vaches maigres ?

    Outre, l’aide à la production, ces stratégies participatives bien menées peuvent contribuer à un réel développement rural. C’est toute la noblesse du « D » et du « R » figurant dans les initiales du MADR.

  4. Agronome Says:

    L’OAIC, PARTENAIRE MAJEUR DES CEREALIERS DANS L’AUGMENTATION DES RENDEMENTS.

    Djamel BELAID. Ingénieur agronome. Enseignant chercheur. Ex conseiller appui cultures en Chambre d’Agriculture en France.

    En Algérie, les intervenants de la filière céréales sont divers. Il y a les agriculteurs bien sûr mais aussi, l’ITGC, la recherche universitaire agronomique, les firmes d’agrofournitures, les exportateurs français, l’OAIC et les transformateurs locaux (SIM, Groupe Benamor, GM Dahra). Ces intervenants peuvent être classés selon leur apport à l’intensification céréalière. Et aussi étrange que cela puisse être, l’OAIC, traditionnellement connu pour son rôle de collecte à travers les CCLS et d’importateur, développe des programmes qui pourraient faire de cet office un agent majeur d’augmentation des rendements et de promotion du monde rural.

    DES INTERVENANTS AUX MISSIONS DIVERSES

    Chacun des intervenants de la filière céréales possède sa spécificité. Les agriculteurs sont les clés de voûte du système. Ils sont cependant absents des prises de décisions du fait du faible développement d’associations professionnelles représentatives et d’organismes agricoles aux statuts souvent désuets.
    L’ITGC est plutôt tourné vers la recherche appliquée. La recherche agronomique universitaire, campée dans sa tour d’ivoire et donc sans lien avec le monde de la production, est handicapée par le peu de valorisation de ses résultats. L’agrofourniture apporte un renouveau salvateur à la vulgarisation de techniques nouvelles. Ses réseaux de technico-commerciaux irriguent les campagnes et proposent des produits phytosanitaires ou de nouveaux types d’engrais qui constituent autant de ruptures technologiques. Ruptures parfois anticipées par une recherche agronomique nationale malheureusement aphone.

    L’agrofourniture c’est aussi le matériel agricole. Il s’agit de saluer l’extraordinaire apport du secteur public (PMAT, Anabib) en engins de tout genre. Dynamisme permis par de constants financements de la part des pouvoirs publics et des partenariats étrangers là où on aurait pu s’attendre à un peu plus d’innovations grâce à un meilleur investissement dans la recherche-développement.
    Les transformateurs de céréales, nouveaux venus sur le paysage économique, se distinguent par une approche qualité. Ils développent, à travers la constitution progressive de réseaux d’agriculteurs, une politique de choix variétal. Il s’agit là d’une dynamique à saluer. On pourrait s’attendre cependant à plus d’implication dans le conseil en fumure azoté vu le retard accumulé en matière de qualité des blés durs. Des structures régionales de concertation telles les CRIC sont un cadre adéquat.
    La figuration dans cette liste d’opérateurs de France Export Céréales peut étonner. Rappelons l’ apport à la production laitière nationale des techniciens d’élevage bretons dans le cadre du projet Alban. Ce projet, actuellement développé dans 3 wilayas pilotes, devrait être élargi à d’autres régions. On serait en droit de demander à FEC de développer une coopération plus équilibrée avec les céréaliers algériens comme cela se fait avec le projet Alban. Ou bien pour FEC, l’Algérie n’est-elle qu’un simple marché où les céréaliers français viendraient déverser leurs surplus à une population captive du fait d’habitudes boulangères discrètement instillées par des experts en meunerie?

    Reste dans cette liste l’OAIC. Cet office est discret. Il est à l’image de son site internet peu fourni en informations techniques. Il est surtout connu pour l’approvisionnement du marché national en céréales à travers ses activités de collecte et d’importation. Or, il dispose d’un réseau de « Coopératives » de Céréales et de Légumes Secs (CCLS) à travers tout le territoire national. Si celles-ci ont pour principale mission la collecte et le stockage, elles ont aussi un rôle d’appui à la production.

    L’OAIC, UN PIONNER DE L’IRRIGATION D’APPOINT DES CEREALES

    Les interventions des CCLS sont nombreuses : tri et traitement des semences, unités de prestations de travaux agricoles, aide à la récolte par les moissonneuses-batteuses modernes Sampo mais aussi par des flottes de camions et de bennes Marel ramenant les grains depuis les parcelles jusqu’aux silos.
    Depuis quelques années, à travers ses CCLS, l’OAIC propose aux céréaliers de s’équiper en irrigation d’appoint. Il s’agit d’une révolution technique. Il ne s’agit pas de proposer aux céréaliers de l’intérieur du pays des pivots comme pour le grand Sud, mais des cannons enrouleurs (fabriqués localement par Anabib). Ces derniers permettent d’arroser les céréales aux périodes les plus critiques. L’OAIC propose même aux céréaliers un remboursement de ces équipements par des versements en grains.

    En Algérie, l’eau constitue le facteur limitant de la production céréalière. Et pourtant, de tout temps, la seule réponse héritée de l’agronomie coloniale a été de procéder à des labours profonds. Vers la fin des années 70 un chercheur de l’ex-Ina d’El Harrach, Mr A. Meckliche, a le premier, précisé les doses et stades pour une irrigation d’appoint. Malheureusement, les travaux de ce visionnaire n’ont pas eu d’échos.

    Les résultats obtenus par les agriculteurs ayant opté pour l’irrigation d’appoint sont époustouflants. Pour la plupart, lorsqu’ils associent à l’irrigation des semences certifiées, des variétés à haut rendement, des engrais adéquats et une protection phytosanitaire adaptées, ils obtiennent des rendements dépassant les 50 quintaux par hectare. Rejoignant ainsi le « club 50 quintaux » du MADR. On le voit donc, l’irrigation d’appoint peut jouer un rôle capital dans l’augmentation des rendements lorsque l’itinéraire technique est respecté.

    L’OAIC, SECURISER LES RENDEMENTS

    Cependant, chaque céréalier ne dispose pas d’un puits ou d’une retenue collinaire afin d’irriguer ses céréales même si ce n’est qu’aux phases les plus critiques. Aussi, depuis de nombreuses années les CCLS ont développé avec leurs « Unités d’Intervention » une action de prestation de travaux agricoles vers les céréaliers les plus sous-équipés. Ces services visent à permettre la réalisation d’itinéraires techniques améliorés. Ainsi, les CCLS ont développé l’usage de roto-herses dans la préparation des semis. Les semences germent dans de meilleures conditions et le peuplement futur épis est optimisé. Outre le semis, les services proposés par les CCLS concernent l’apport d’engrais, la pulvérisation de produits phytosanitaires et bien sûr la récolte et son transport vers les silos. Un programme de déploiement de camions ateliers est en cours.

    Cette approche est bénéfique pour les petites exploitations dépourvues en un matériel agricole sophistiqué qui coûte excessivement cher. D’autant plus que les coopératives d’utilisation de matériel ou les cercles d’échanges sont rares. L’idéal serait que les petites exploitations acquièrent à l’avenir du matériel en commun pour plus de souplesse dans la réalisation des chantiers. L’intervention salutaire des CCLS permet actuellement l’accession plus grande de techniques et de matériels modernes dans les campagnes notamment au sein de la petite paysannerie.

    Parmi les opérations culturales offertes par les CCLS, il y en a une qui peut permettre de sécuriser les rendements là où l’irrigation d’appoint n’est pas encore disponible. Il s’agit de la technique du non labour avec semis direct. Celle-ci n’est actuellement connue en Algérie que par un groupe d’initiés. A l’aide d’un semoir lourd, elle consiste à semer directement. Et cela, sans le traditionnel labour et les fastidieuses opérations d’émiettement du sol avant semis. Par ailleurs, l’agriculteur n’est plus obligé d’attendre les pluies pour labourer. Outre, la réduction du nombre de passages de tracteurs sur les parcelles et sa vitesse d’exécution le semis direct permet un meilleur emmagasinement de l’eau de pluie. Résultats : des rendements honorables en cas de sécheresse. On peut d’ailleurs se demander si la baisse de production, liée à la sécheresse, qu’a connu l’Est du pays, lors de la campagne écoulée n’aurait pas été moindre si les agriculteurs avaient eu connaissance du semis direct.
    Rapporté au niveau de l’exploitation, les conséquences de cette sécheresse représentent un manque à gagner en termes de récolte non engrangée mais aussi de frais de travail du sol, engrais et semis engagés.
    Cette question est très documentée par le centre d’arido-culture de Settat au Maroc. En comparant les marges brutes obtenues durant plusieurs années et selon des itinéraires techniques conventionnels ou faisant appel au semis direct le spécialiste Rachid Mrabet démontre le net avantage de cette nouvelle façon de faire (*).
    Certes, cette technique implique des contraintes dont la première est de disposer de semoirs spécifiques et de maîtriser le désherbage. Celui-ci peut être réalisé avec des herbicides ou de façon mécanique par le passage de herses étrille ou de houes rotatives (voir le site Arvalis.fr). Au même titre que les CCLS se sont équipées en roto-herses auprès de PMAT, il serait stratégique de s’équiper en semoirs pour semis direct. PMAT serait en cours de discussion avec une firme espagnole afin d’assurer le montage de tels engins localement. Il est à noter qu’au Maroc et en Syrie sont mis au point des semoirs locaux plus adaptés et moins chers. De même que l’OAIC devrait demander à PMAT la fourniture de herses étrille et houes rotatives.

    Ainsi, les CCLS seraient en mesure de commencer la campagne de semis plus tôt, d’améliorer nettement le taux horaires d’hectares semés. Tout cela, avec des conditions permettant de sécuriser les rendements. Cette technique pourrait également intéresser les entreprises privées de travaux agricoles et entrer dans le cadre des financements Ansej. La vitesse de chantiers avec semis direct est telle que des économistes ont démontré qu’elle avait même contribué à l’agrandissement des grosses exploitations céréalières du sud de l’Espagne. Les freins à l’implantation des cultures étant levé, l’agrandissement des superficies devenant possibles. Déjà, dans le Constantinois, de grosses exploitations céréalières privées ont adopté le semis direct.

    L’OAIC, POUR UNE REVOLUTION DEMOCRATIQUE DANS LES CAMPAGNES ?

    Outre l’irrigation d’appoint et le semis direct l’OAIC détient un levier déterminant en matière d’augmentation des rendements. Il s’agit du statut « coopératif » des CCLS. En fait de coopératif au niveau des CCLS, il n‘y a que le nom. Non pas qu’il s’agisse de minorer le travail des agriculteurs présents au conseil d’administration de ces structures, mais, il faut noter « le centralisme administratif » des statuts de ces « coopératives ». Même, le directeur des CCLS est nommé par la direction de l’OAIC. Les prérogatives des administrateurs sont limitées. Pour voir à quoi ressemble exactement une vraie coopérative céréalière, il faut par exemple, aller en France dans le bassin parisien. A plus petite échelle existe en Algérie des coopératives d’apiculteurs où les coopérateurs investissent un capital et ont réellement leur mot à dire. C’est d’ailleurs là un sujet d’études sur lequel devrait se pencher les étudiants en agro-économie recherchant des sujets pour leur mémoire de fin d’études.

    Pourquoi aborder la question du statut des coopératives alors qu’il est question d’augmentation des rendements ? En fait, on ne peut parler d’amélioration des rendements agricoles sans existence d’associations professionnelles représentatives. Ce n’est pas aux pouvoirs publics de mettre derrière chaque céréalier un technicien. Il n’en a d’ailleurs pas les moyens. La mission des pouvoirs publics est de créer les conditions afin que les représentants de céréaliers démocratiquement élus embauchent, avec des subventions en partie publiques, et dans le cadre par exemple de Chambres d’Agriculture ou de coopératives, des techniciens en charge de l’amélioration de la marge dégagée par hectare. Certes, il ne faut pas être dupe. Même avec cette volonté de représentativité ce système n’empêche pas certains coopérateurs de tricher. Nous avons eu l’occasion de voir en France des céréaliers verser « dans le trou de la coopérative » des remorques de blés fourragers aux piètres qualités boulangère alors que leur coopérative était engagée dans une démarche d’amélioration du taux de protéines.

    Malgré ces quelques défauts, l’existence d’associations professionnelles représentatives est une condition essentielle du développement agricole et de la filière céréales. Les statuts des CCLS doivent donc être partiellement revus dans le sens de déléguer plus de responsabilités aux « coopérateurs ». Et dans le cas qui nous concerne, pourquoi l’OAIC ne met pas sur pied des formations d’élus agriculteurs comme elle le fait si bien pour les chauffeurs de moissonneuses-batteuses ou ses collaborateurs des unités de traitement de semences ? Pourquoi également ne pas faire appel aux universitaires pour du management, la négociation, l’histoire des marchés? D’éminents économistes, A Benachenhou, S. Bedrani ont relevé la forte disparité entre les moyens de formations accordés à l’enseignement supérieur et ceux accordés aux acteurs de terrain. Pourtant, comme le note O. Bessaoud, c’est la paysannerie algérienne qui depuis toujours a su développer des trésors d’ingéniosité afin de s’adapter à un environnement souvent contraignant. Pourquoi, soudainement, le monde rural serait devenu incapable de co-gestion ?

    Pourquoi ne pas demander aux experts de France Export Céréales qui viennent chaque année à Alger vanter les qualités boulangères des blés français des partenariats pour la formation de nos coopérateurs ? France Export Céréales est avant tout une émanation de regroupements de grandes coopératives céréalières françaises. Elle a ses entrées. Il faut qu’agriculteurs, techniciens, chauffeurs des CCLS aillent en missions d’études dans les coopératives de la Beauce ou dans l’Audois s’initier aux techniques moderne de gestion. Groupe Benamor a pris une telle initiative l’an passé. Pourquoi ne pas imaginer de courts séjours pour des missions d’immersion ? Il suffit d’un billet aller-retour, de réservation hôtels F1 et d’un planning de visites chez des céréaliers, coopératives (statuts, silos, labos, découverte de l’équipe de force de vente), chambres d’agriculture (financement, syndicalisme, service agronomique). Cela doit être un leimotiv de la part des acteurs de la filière céréalière envers FEC : un transfert de technologie sous forme notamment de missions d’immersion. Quant aux étudiants agronomes, il est temps de penser d’inclure dans leur cursus 15 jours de stages à l’étranger.

    L’OAIC BRAS ARME DES POUVOIRS PUBLICS

    A travers l’OAIC, les pouvoirs publics détiennent une des clés de l’augmentation de la production et de la sécurisation des rendements mais aussi de l’émergence de professionnels acteurs du développement agricole sans qui rien ne sera possible. Il s’agit là d’une véritable révolution démocratique à venir dans les campagnes. Qu’on ne s’y trompe. Cette modification des attentes du monde rural est déjà en cours. Les éleveurs de la région de Tizi-Ouzou ont récemment rédigé un cahier des charges argumenté visant la défense de leurs revenus laitier. Ils ont par ailleurs exprimés publiquement de façon organisée et non violente leurs revendications. A quand les chargements de fumier déposés devant les sous-préfectures ?
    De nos jours, les efforts des pouvoirs publics en matière de scolarisation ont fait émerger dans le monde rural des élites. Il existe par ailleurs de simples agriculteurs n’ayant pas fait d’études mais « blanchi sous le harnais » et pétris de bon sens. A tous ceux-là, l’OAIC se devrait de trouver les moyens afin de leur témoigner plus de confiance. Des formations à la gestion devraient être mises sur pied à destination des élus agricoles.
    Cela peut paraître éloigné pour certains décideurs, mais plus de représentativité permet d’améliorer la production au même titre que le déversement dans les campagnes de pétro-dinars. Trop souvent le développement agricole a été envisagé sous l’angle exclusif du financement (certes nécessaire) et de l’apurement des dettes mais insuffisamment sous l’angle de la participation.
    Un autre argument milite en faveur de réajustements ponctuels dans la stratégie de l’OAIC. Jusqu’à présent, l’extraordinaire renouveau de la production céréalière a surtout reposé sur une politique de prix à la production, de soutien à l’acquisition de matériels et d’ intrants et de prêts avantageux.

    Qu’en sera-t-il en cas de moindres disponibilités financières des pouvoirs publics ? Il devient urgent d’évaluer les politiques agricoles par rapport aux exigences de l’heure. Par sa grande proximité avec les producteurs, l’OAIC a un rôle déterminant. Nul organisme n’est aussi près quotidiennement des céréaliers. Ce bras armé de l’intervention des pouvoirs publics dans le domaine céréalier a les moyens de sécuriser les revenus des agriculteurs et d’augmenter la production de céréales. Cela passe par des mesures techniques (amélioration de la productivité, baisse des charges de mécanisation) mais aussi organisationnelles. Aux universitaires d’affiner l’analyse des développement en cours, à la direction de l’OAIC, à ses cadres et aux décideurs du MADR de faire les bons choix.

    Notes :
    (*) Rachid Mrabet FAO Semis direct. http://www.un.org.ma/IMG/pdf/CEA_09_fr.pdf‎

  5. Agronome Says:

    CEREALES, DEBUT DE CAMPAGNE PROMETTEUR. OUI, MAIS…

    Djamel BELAID 20.03.2014

    Selon, l‘avis d’un responsable du MADR paru ce jour dans la presse nationale « ces dernières semaines, la météo a été très favorable pour la culture céréalière, ce qui annonce une bonne saison de moisson pour cette année ». Certes, il s’agit là d’une situation favorable. Mais, est ce dire que la campagne céréalière est réussie ?

    UNE ANALYSE DE LA CAMPAGNE EN COURS

    Passons en revue les facteurs climatiques de ce début de campagne céréalière et les moyens humains et matériels mobilisés par les pouvoirs publics et les firmes de l’agro-fourniture.
    Cet automne, la campagne céréalière a très mal commencé. La majorité des zones céréalières ont connu une sécheresse automnale qui a ralenti la campagne « labours-semailles ». Les pluies ont été tardives. Et ce n’est qu’à leur arrivée que la majorité des céréaliers ont labouré et semé. Le retard pris dans les semis se répercutera sur le rendement. Un blé semé en décembre produit moins qu’un autre semé en octobre. Seules les parcelles conduites selon la nouvelle technique du non labour avec semis direct ont été semées à temps. Mais ces surfaces ne représentent que quelques milliers d’hectares. En semis conventionnel, la production de roto-herses par PMAT et les efforts de vulgarisation de cet outil par les CCLS a permis la préparation de meilleurs lits de semences (http://youtu.be/ebVbXORC0z0).

    Par rapport à l’année passée, l’OAIC a indiqué une augmentation de 30% de la disponibilité en semences de céréales triées et traitées. Ces objectifs sont atteints grâce à une augmentation des capacités de traitement ainsi qu’une formation des personnels à la maintenance. Cela est de bon augure, car l’une des entrées du progrès agronomique passe par la semence. Celle-ci permet la généralisation de variétés à haut rendement et une amélioration de la protection contre maladies et ravageurs puisque les semences livrées peuvent être enduites de produits phytosanitaires. Ils protégeront la plantule en attendant d’éventuels traitements de végétation.

    Du fait de ces semis tardifs, les opérations de désherbage chimique n’ont pu être nombreuses à l’automne. En effet, les céréales n’était pas assez développées. La réussite de ces opérations est conditionnée par la disponibilité en herbicides et matériel de pulvérisation. L’OAIC annonce une augmentation des disponibilités au niveau des CCLS. A la date d’octobre 2013, les quantités d’herbicides devraient permettre de traiter plus de 600 000 équivalents hectares et celles en fongicides plus de 100 000 équivalents hectares. En général, selon les herbicides utilisés, ces opérations de désherbage doivent être arrêtées au stade fin tallage de la céréale ; l’herbicide n’étant plus sélectif. Sauf organisation draconienne des chantiers de désherbage, le retard est difficilement rattrapable. Rapportés à près de 3 000 000 d’hectares emblavés, bien qu’en progrès, les herbicides restent peu utilisés.

    L’hiver a été humide et doux. Cela a favorisé le développement des mauvaises herbes, mais plus grave : les foyers secondaires de rouille n’ont pas été détruits. Les pustules de rouilles présentes sur les herbes en bordures des parcelles de céréales n’ont pas été détruites par le gel. Il y a risque de contamination en fin de printemps. Les récentes pluies combinées à des températures clémentes sont des conditions idéales à la persistance de ces foyers. Or, contrairement à la septoriose qui s’installe progressivement sur les feuilles et les grille, la rouille a un caractère explosif. Le rendement pouvant être diminué de 80% sur les variétés les plus sensibles. Cette campagne, le risque de rouille est donc élevé. Seuls des traitements préventifs en cas de risque avéré permettra une protection des parcelles. Les dernières pluies vont favoriser la septoriose. Celle-ci représente l’une des maladies les plus présentes.

    Cet hiver doux n’aura pas permis de réduire les populations de pucerons, punaises des blés, cryocères et autres prédateurs des cultures. En cas de non traitement, on peut s’attendre à des infestations des parcelles.

    Que ce soit en matière de fongicides ou d’herbicides, les firmes étrangères présentes en Algérie commercialisent des produits phytosanitaires de bonne efficacité dont les triazoles. A l’étranger, les fongicides à base de strobilurine ont vu rapidement leur efficacité réduite du fait de l’apparition de souches résistantes de champignons. A terme, des études d’efficacité des fongicides utilisés devra être menées dans les zones céréalières faisant le plus appel à ce type de produits.

    L’hiver relativement doux et pluvieux aura également permis une minéralisation de l’azote organique du sol. Les abondantes précipitations auront contribué à lessiver l’azote minéral issu de cette minéralisation. On peut penser en première approche que les reliquats azotés en sortie hiver sont donc faibles. En l’absence d’une tradition de mesures de ces reliquats, actuellement, il n’est pas possible de préconiser des doses exactes d’azote sur les parcelles. L’obtention d’un nombre suffisant de grains au mètre carré (facteur principal de rendement avec le poids du grain) sera donc conditionnée par les doses approximatives d’engrais azotés qui seront apportées sur les parcelles. Tout excès dans ces doses favorisera l’échaudage. Toute dose en dessous des potentialités pédologiques de la parcelle constituera un manque à gagner. L’ITGC a montré tout l’avantage du fractionnement des doses d’azote sur le rendement en grain mais aussi sur la teneur du taux de protéines.

    La difficulté de la céréaliculture vient aussi (en partie) du déficit hydrique. Depuis quelques années l’OAIC développe un programme ambitieux d’irrigation d’appoint des céréales. La vente de kits d’aspersion, d’enrouleurs ou de pivots est facilitée. Ces ventes devraient concerner plus de 800 agriculteurs durant cette campagne.

    Une estimation prévisionnelle des rendements pourrait être faite sur la base des statistiques d’utilisation des semences certifiés, herbicides, fongicides, insecticides et engrais azotés commercialisés au niveau des wilayates ainsi que des surfaces réellement traitées. Tout au long de la campagne, outre la pluviométrie, des paramètres dans le niveau d’utilisation de ces intrants peuvent permettre d’affiner les rendements prévisionnels.

    POUR DES RUPTURES TECHNOLOGIQUES

    Cette campagne, les rendements dépendrons donc des pluies du mois d’avril-mai mais également de la mobilisation des moyens matériels et humains permettant la protection et la nutrition minérale des surfaces emblavées. Et là, il n’y a pas de place pour l’amateurisme. En effet, afin d’optimiser les rendements il ne sert pas seulement de disposer de semences certifiées ou d’engrais. Il s’agit de réunir tout le cortège de facteurs agronomiques : les semences certifiées, l’apport d’engrais à la dose et au moment nécessaire, l’herbicide, les fongicides et les insecticides les mieux adaptés à la parcelle. Le drame de la céréaliculture algérienne réside dans le fait que dans les zones favorables ces moyens ne sont que faiblement utilisés. Pourtant un itinéraire technique intensif permet de faire passer les rendements d’orge de 26 à 43 quintaux/hectares (*). Le club des céréaliers atteignant ou dépassant les 50 quintaux/ha en est la preuve.

    Il faut noter l’effort de l’OAIC à travers les unités de prestation de services des CCLS. Elles permettent la réalisation de travaux agricoles : semis, épandage d’engrais, pulvérisations, récolte. Cet office développe actuellement un programme de 110 camions ateliers.

    La disponibilité en eau constitue l’un des principaux facteurs limitant des rendements céréaliers. L’OAIC développe depuis quelques années un programme d’aide à l’irrigation d’appoint. Ce programme constitue une rupture technologique dans la pensée agronomique locale. En effet, traditionnellement, il était admis que les rendements optimums ne pouvaient être obtenus que par des labours profonds seuls capables de mieux emmagasiner l’eau de pluie.

    D’autres ruptures technologiques sont à faire. Les travaux agronomiques montrent que le semis direct avec non-labour permet un meilleur emmagasinement de l’eau de pluie que le labour (**). L’utilisation de bineuses, herses étrilles ou houes rotatives montre qu’on peut se passer en partie des herbicides actuellement importés et souvent technologiquement hors de portée des petites exploitations***. De même, l’utilisation des engrais peut être, en partie, remplacée par les engrais verts et le semis sous couvert****. Dans le domaine des phytosanitaires et d’engrais les technico-commerciaux des firmes d’agro-fourniture révolutionnent le conseil agricole dans la méthode d’approche des agriculteurs et par l’originalité de leurs produits. Ainsi, Profert propose des fertilisants foliaires. Quant à AgrochimDZ son expertise contre les maladies et les ravageurs permet un saut qualitatif certain (http://youtu.be/UBMAOYocftg)

    En septembre 2012, Mr Omar Zaghouane, DG de l’ITGC faisait remarquer avec justesse dans les colonnes d’El Watan, le passage des rendements moyens céréaliers de 7 à 21 quintaux. C’est la progression continue de ces rendements, malgré les aléas climatiques, qui montrera le niveau de maîtrise technique de la filière céréales. Nous en avons les moyens…

    NOTES :
    (*) Travaux de Arezki Mekliche om.ciheam.org/article.php?IDPDF=801429‎
    (**) On peut se demander si la sécheresse printanière qu’à connu l’an passé l’Est du pays aurait eu autant d’effet sur la production de céréales si le semis direct était plus répandu. Il faut avoir à l’esprit que malgré son intérêt indéniable, l’irrigation d’appoint coûte cher et mobilise de grandes quantités d’eau. Concernant l’effet du semis direct sur l’ emmagasinement de l’eau de pluie voir les travaux de Rachid Mrabet http://www.un.org.ma/IMG/pdf/CEA_09_fr.pdf‎
    (***) Anecdote vue sur le Net: Une année, un ami, rigole avec moi et me dit: peut on faire un binage de blé?  » elgamh yet’hammar wella ma yet’hammarch? Ce qui paraissait impossible l’est de nos jours. La preuve : cette vidéo. http://www.arvalis-tv.fr/fr/5099_herse-etrille–un-outil-polyvalent
    (****)Voir sur internet les travaux de « Lucien SEGUY au Cirad sur le semis direct sous couvert en Tunisie ». ‎

  6. Agronome Says:

    Le Sud et ses mirages… Une réflexion sur un méga projet laitier dans le Sud censé permettre l’autosuffisance laitière du pays.

    LAIT: MEGA PROJET AVEC LA GRANDE BRETAGNE?

    Djamel BELAID (ex-Ingénieur Conseil appui cultures en Chambre d’Agriculture – France).

    Suite à une visite de travail ce jour à Constantine, Mr le Ministre de l’Agriculture a évoqué des pourparlers en cours avec la GB pour un méga projet laitier dans le Sud. Cela, afin de résoudre définitivement (sic) l’insuffisance de la production laitière. Cette démarche appelle des questions: fuite en avant ou est-ce les conseillers de Mr le Ministre qui n’ont pas pris leurs responsabilités face au « politique »?

    DURABILITE DU SYSTEME
    Dans le Sud la température peut être de 50°C et la pluviométrie d’à peine 50 mm/an. Ce n’est guère les verts pâturages anglais. Certes, chez nous, il existe de grandes réserves en eau mais elles se trouvent dans le sous sol. Il s’agit surtout de nappes qui ne se renouvellent pas ou très peu. Par ailleurs, cette eau est salée et l’évaporation est forte; d’où un processus de salinisation des terres. Pas mal de pivots ont déjà provoqué une salinisation définitive des sols. Dans le futur contrat, cette question mérite d’être posée. La GB est-elle experte en désalinisation des sols? Est-elle experte en fourrages tolérant à la sécheresse? La Grande-Bretagne ne risque-telle pas de contribuer à encore plus «désertifier le désert » algérien? Les conseillers de Mr le Ministre lui ont-ils dit que sur certaines exploitations du Sud, les pivots ont été abandonnés. Et ils ont été ré-utilisés par exemple à El Oued et Menaa pour des rampes plus petites et plus adaptées.
    Chaque haut cadre du MADR devrait avoir sur son bureau cette étude : Tayeb Otmane et Yaël Kouzmine « Bilan spatialisé de la mise en valeur agricole au Sahara algérien* ». Et avant de signer, ils devraient communiquer cette étude : « Salinisation des terres sahariennes » de l’Université de Ouargla*.

    EMPLOI:
    Les agro-économistes algériens (dont Omar BESSAOUD) disent que l’agriculture fait vivre un million de familles. Au lieu de projets gigantesques ne faut-il pas aider les petites et moyennes exploitations? Sans aide et encadrement technique performant ces exploitations risquent de disparaître. Les éleveurs laitiers de la région de Tizi-Ouzou ont récemment tiré la sonnette d’alarme. Une telle disparition d’exploitations laitières ferait qu’il y aurait encore plus de bouches à nourrir dans les villes et donc plus d’importations alimentaires. Le développement de l’agriculture doit nourrir la population mais aussi créer de l’emploi rural. Qu’il nous soit permis de citer cet extraordinaire témoignage de gratitude à la paysannerie algérienne de Omar BESSAOUD *’: « Le financement public, s’il peut être un élément décisif de ce progrès doit investir dans l’avenir du plus grand nombre de paysans algériens, et non pas dans le financement quasiment gratuit des investissements de quelques dizaines de milliers d’exploitations, bénéficiant de fait de marchés nationaux très rémunérateurs aujourd’hui, parce qu’il s’agit de produits périssables peu soumis à la concurrence internationale. Il serait illusoire de penser l’avenir de l’agriculture algérienne, uniquement au travers du filtre d’entreprises agro-industrielles virtuellement exportatrices. L’enjeu, peut être plus modeste, mais plus ambitieux à long terme est de valoriser les ressources locales, l’ingéniosité et la force de travail du million de familles paysannes. Elles occupent des territoires locaux, où l’avenir de l’agriculture et l’élevage repose d’abord sur cette fabuleuse capacité de flexibilité et d’adaptation à leur environnement que les éleveurs et agriculteurs des zones semi-arides ont su sauvegarder jusqu’ici ».
    Les conseillers de Mr le Ministre lui ont-ils assez expliqué les enjeux? Lui ont-ils parlé de l’expérience de nos voisins en matière de développement laitier dans le Sud et pour des exploitations à taille humaine ? ( http://youtu.be/OcDv_Bt_UFc )

    LES LECONS D’ALBAN.
    Le retour d’expérience du projet Alban est à faire. Il montre déjà pour les 3 wilayas qui ont été bénéficiaires de la coopération françaises (région Bretagne) l’intérêt de cette coopération avec formation de nos techniciens au contact de techniciens bretons de terrain rompus à l’appui lait, rompus à la rigueur. Il montre qu’augmenter la production laitière consiste en des gestes simples de base : calendrier fourrager, hygiène de la traite, aménagement des bâtiments… Il démontre une chose qui fait mal. Malgré de notables progrès, et l’existence de cadres plus nombreux, nous ne sommes pas encore arrivés à créer les conditions d’un encadrement compétent et motivé proche des agriculteurs. Le management de ces cadres fait défaut. Or, c’est cela la mère des batailles. Il ne faut pas confondre vitesse et précipitation et aller signer de méga projets laitiers. Certes, nous ne sommes pas dupes. Avec Alban, les partenaires bretons peuvent nous vendre des génisses et leurs différents produits. Mais, il y a un acquis indéniable, il faudrait presque dire un « butin de guerre »: la formation à l’étranger de cadres algériens au contact de réseaux d’appui lait de terrain tels qu’ils existent en Bretagne.

    Faire appel à des étrangers pour un méga projet en cercle fermé ne permettra pas de résoudre cette question de base : construire un encadrement technique avec la participation des premiers concernés : les agriculteurs rassemblés dans des associations professionnelles représentatives. Voir à cet égard les travaux de Mr Slimane BEDRANI sur ce sujet**. Il écrit : « l s’agit surtout de mieux utiliser les ressources actuellement disponibles : par exemple, consacrer moins de ressources à former des ingénieurs ou techniciens « supérieurs » (sept établissements forment des ingénieurs qui deviennent chômeurs ou trouvent un travail hors de l’agriculture) et davantage à former des agriculteurs par la vulgarisation, utiliser de façon plus efficace les milliers de fonctionnaires de l’agriculture censés être au service des producteurs (en en diminuant le nombre pour donner à ceux qui restent davantage de moyens de travail et davantage de motivation à être plus productifs) ». Ne faudrait-il pas, par exemple, commencer à verser 10% des cadres des structures dépendant du MADR dans les Chambres d’Agriculture gérées par des agriculteurs élus et représentatifs? N’est ce pas ce type de co-gestion qu’il nous faut? Est ce à l’Etat d’expliquer à un éleveur comment mener son troupeau de vaches? Pour plus d’engagement sur le terrain et d’efficacité de l’encadrement agricole, l’Etat ne doit-il pas déléguer cette tâche à des structures de co-gestion?

    En matière de développement, dans les colonnes d’El-Watan des économistes ont prévenus:  » cette décennie, nous n’avons plus droit à l’erreur*** », en quelque sorte « zalga b’felga ». Seront-ils entendus? Qu’en pensent les conseillers de Mr le Ministre? Eux qui ont l’expérience de la gestion des filières agricoles et qui ont vu passer moult réformes. Ne doivent-ils pas dire la vérité, toute la vérité et rien que la vérité aux « politiques? A ce stade de responsabilité, c’est toute la noblesse de leur tâche…

    NOTES:
    (*)Espace, Société, Territoire | 2013 – Cybergeo – Revues.org www. cybergeo.revues.org › Rubriques › Espace, Société, Territoire‎
    (*) Salinisation des terres sahariennes – université-Ouargla http://www.univ-ouargla.dz/Pagesweb/PressUniversitaire/doc/…/E020201.pdf
    (*’) L’agriculture et la paysannerie en Algerie – Institut Agronomique … http://www.iamm.fr/bn/pdf/publi/bessaoud-2004-paysannerie_algerie.pdf‎
    (**) BEDRANI S. sur l’encadrement technique om.ciheam.org/om/pdf/b14/CI960044.pdf et sur la vulgarisation : ‎ om.ciheam.org/om/pdf/c02-4/94400039.pdf‎
    (***) Voir le commentaire de N GRIM dans El Watan à propos de l’économiste Abdelhak Lamiri et de son récent ouvrage « La décennie de la dernière chance ». 10.3.2014

  7. Garfy Says:

    http://cnl-naturopathie.ch/le-lait-en-question/

    « si la Chine se met à manger autant de viande que nous, il n’y aura pas assez de la production mondiale de céréales pour nourrir le bétail »

  8. Agronome Says:

    Comme le note Mr Naili les potentialités agricoles de l’Algérie sont grandes même si le milieu semi-aride est fragile.
    Ce milieu peut permettre de produire de la betterave à sucre. Une réflexion sur ce sujet.

    PLADOYER POUR LA RE-INTRODUCTION DE LA BETTERAVE A SUCRE EN ALGERIE.
    Djamel BELAID 10.03.2014

    En Algérie, l’augmentation de la population, l’amélioration du niveau de vie, mais aussi la contrebande sont à l’origine de besoins croissants en sucre. Une éducation nutritionnelle pourrait faire baisser les cas de surconsommation de sucre. Mais la tendance lourde reste à une hausse continue de la demande locale. Dans ce contexte, il s’agit d’envisager comment la production locale de sucre de betteraves pourrait permettre de réduire la dépendance vis à vis de l’étranger et aussi intéresser des investisseurs privés.

    UNE PRODUCTION AUJOURD’HUI ENTIEREMENT MECANISEE

    Il ne s’agit pas de considérer une éventuelle ré-introduction de la betterave à sucre dans le même contexte que cette culture a connu localement dans les années 70. Aujourd’hui, le progrès technique permet d’envisager des itinéraires techniques totalement différents qu’auparavant.
    En matière de semences, l’apparition de semences mono-germes évite la pénible opération manuelle de démariage. Le désherbage est aujourd’hui parfaitement sélectif. Enfin, les différentes opérations de récolte sont totalement mécanisables. Elles demandent un matériel spécifique.

    UNE CULTURE AUJOURD’HUI PLUS ECONOME EN EAU

    L’expérience marocaine permet d’envisager des semis d’automne alors qu’en Europe ceux-ci sont printaniers. Une telle façon de faire permet d’envisager un cycle de culture correspondant avec la saison pluvieuse. Ce qui n’aurait pas été possible dans le cas de semis au printemps.

    Les planteurs Marocains ont développé l’irrigation des parcelles par le goutte à goutte. Cela ouvre la voie à des pratiques plus économes en eau. Elles permettent des rendements moyens de 55 tonnes par hectare.

    La culture de betterave à sucre libère assez tôt les parcelles. Ce qui permet d’envisager des cultures dérobées: fourrages notamment. La transformation des racines en usine donne lieu à la production de pulpes. Celles-ci constituent un aliment de choix pour l’élevage de ruminants.

    UN PARTENARIAT ETRANGER NECESSAIRE

    L’arrêt ces dernières décennies de la culture de betteraves en Algérie milite en faveur d’une coopération internationale afin d’acquérir un savoir faire. De part les superficies plantées et les conditions pédo-climatiques, le Maroc s’avère être un partenaire incontournable. L’abondante littérature scientifique marocaine actuellement en ligne est une source d’information technique précieuse qui mérite d’être compilée et soigneusement consignée. Cela concerne les variétés à utiliser, les dates de semis optimales, la fertilisation en sol calcaire, les techniques d’irrigation, et les programmes de désherbage.

    En cas de retour de la betterave, l’expérience des planteurs marocains serait à faire connaître localement. Il apparaît notamment que les rendements sont corrélés à la réussite d’un peuplement pied par hectare correct. L’expérience française quant à elle est intéressante pour sa partie fondamentale.

    UN SAVOIR FAIRE CERTAIN des AGRICULTEURS ET DES INDUSTRIELS

    Les atouts locaux pour une relance de la production de betterave sont nombreux. L’exemple de la production de tomate industrielle montre la capacité des investisseurs privés à assurer la logistique pour l’acheminement d’un produit frais depuis les parcelles des planteurs jusqu’aux usines de transformation. Dans la mesure où la transformation de la betterave à sucre autorise un stockage momentané en silo des racines récoltées, la logistique à mettre en œuvre permet plus de souplesse. Au Maroc, la campagne betteravière mobilise jusqu’à 500 camions de différentes entreprises de transport.

    Un autre atout vient de l’exemple de la filière locale de pomme de terre. Les producteurs ont rapidement assimilé les itinéraires techniques d’autant plus que les marges sont rémunératrices. Les progrès en matière de mécanisation, de plantation et de récolte sont constants. Idem concernant la fertilisation et la protection phytosanitaire. On peut imaginer, pour peu que les prix soient rémunérateurs, la même capacité pour la maîtrise d’une nouvelle production telle la betterave.

    CONCLUSION

    Dans la mesure où une production locale permettrait une réduction des importations de sucre, et à condition de disposer de structures pour la transformation, la culture de betterave pourrait être fortement rémunératrice pour des planteurs qui décideraient de se lancer avec l’aide d’un industriel. Cette éventualité mériterait d’être envisagée par des investisseurs privés. La constitution d’un pool regroupant planteurs, usine de traitement et groupe d’appui technique de terrain est un impératif. Elle permettrait de dégager des marges confortables et d’occuper une niche économique actuellement délaissée et cela pour un produit stratégique.

    Une telle relance de la betterave est d’autant plus à envisager que, selon le PDG de Cévital, les stocks locaux en sucre raffinés ne pourraient assurer que 3 mois de consommation.

    Il ne s’agit pas de viser une autosuffisance en sucre mais d’acquérir une plus grande marge de négociation dans la conclusion des contrats avec les partenaires étrangers. Au Maroc, l’addition des productions de sucre de betteraves et de cannes, permet bon an mal an, d’assurer 50% des besoins.

    Enfin, un plan de relance de la culture de betterave à sucre ne devrait pas faire oublier les autres possibilités afin de produire du sucre et produits sucrants (dattes, raisins, figues, agave, stévia, …).

  9. Agronome Says:

    Le lien annoncé plus haut:

    RESPECT’in – La rotation des cultures – YouTube
    ► 1:43► 1:43
    http://www.youtube.com/watch?v=tv_6NOFptlU‎

  10. Agronome Says:

    La réflexion sur les potentialités agricoles du pays m’amènent à cette réflexion que je souhaiterais partager pour une discussion et un enrichissement.

    Un lien, pour introduire la notion de « rotation » en agriculture.

    AGRICULTURE, ARRIVER A DEUX RECOLTES PAR AN?

    Djamel BELAID Ingénieur Agronome. 8 mars 2014.

    En Algérie, les résultats des études prospectives relatives à la couverture des besoins alimentaires sont alarmants. Certains chercheurs pronostiquent des produits agricoles de large consommation dont les prix pourraient être à terme multipliés par 4. Malgré quelques progrès, les besoins en céréales, en légumes secs mais aussi lait, sucre, huile sont loin d’être couverts. Les terres agricoles ne sont pas inextensibles. Plus grave, la surface agricole par tête d’habitant diminue même progressivement sous l’effet de l’augmentation de la population, l’érosion des sols et l’urbanisation. Les terres agricoles sont donc le bien le plus précieux. Mais pour répondre à des besoins quantitatifs (blé, légumes) mais aussi qualitatifs (viandes rouge, fromages) croissants, la solution ne serait-elle pas de procéder à deux récoltes par an?

    DEUX RECOLTES GRACE A L’EAU

    Deux récoltes par an, cela n’est n’est pas dans nos traditions sauf en maraichage et en particulier en pomme de terre. En Algérie, en général, les terres sont ensemencées de céréales et une fois la récolte tout nouveau semis n’est envisageable que l’année suivante.

    Comment donc arriver à deux récoltes avec par exemple une culture principale et une inter-culture orientée vers l’élevage? La solution pourrait venir de l’irrigation des cultures. Une des plus grandes révolutions techniques de ces dernières années en Algérie est l’irrigation d’appoint en grande culture. Cette révolution est passée presque inaperçue pour le grand public. Cette irrigation utilise des enrouleurs, asperseurs (sur de plus petites surfaces) et peu se faire avec de l’irrigation par goutte à goutte. Un des plus gros problème marquant l’agriculture algérienne peut ainsi être résolue partiellement: le déficit hydrique.

    Précisions qu’il ne s’agit pas dans notre propos de développer le cas de l’irrigation continue sous pivot telle qu’elle peut être pratiquée dans le Sud avec l’utilisation abusive des eaux fossiles. Eaux qui sont le plus souvent salées. Cette pratique, telle qu’elle est développée actuellement, ne constitue pas une solution durable. Outre la baisse du niveau des nappes phréatiques, il y a une salinisation (actuellement irréversible) des sols suite aux sels apportés lors de chaque cycle d’irrigation.

    LE HANDICAP DU CLIMAT SEMI ARIDE

    Le climat de l’Algérie est particulier et handicapant pour les activités agricoles. Si à l’intérieur du pays, la période sèche pose un sérieux problème aux cultures, il est est de même d’une partie de la période pluvieuse. En effet, mêmes si les mois d’hiver sont pluvieux, du fait de températures basses rien ne pousse, sauf sous serre. Ainsi, quand les températures sont chaudes, nous n’avons pas d’eau. Et quand, nous avons de l’eau, les températures sont trop basses.

    La période de temps « poussant » est donc limitée. En été, le déficit hydrique est tel qu’il empêche tout agriculture pluviale. Ce déficit hydrique peut également déborder sur une bonne partie de l’automne. Au printemps, l’humidité existante peut rapidement laisser place à des séquences sèches.

    Pour les cultures à forte marge, afin de se prémunir du gel, la solution trouvée par les agriculteurs est la culture sous serre. Quant aux cultures de plein champs, l’astuce pourrait consister à rallonger en automne ou au printemps la période de culture où les températures sont favorables par une irrigation dite d’appoint; c’est à dire ponctuelle. Pour cela, il s’agit de cultiver après les cultures traditionnelles d’autres cultures à cycle court telles certaines cultures fourragères. Ces dernière sont intéressantes car, par exemple, il n’est pas nécessaire d’attendre la formation de graines chez un colza fourrager. C’est les feuilles qui intéressent l’éleveur. La culture peut donc se faire sur 2 ou 3 mois seulement. Idem concernant les céréales, toutes n’ont pas un cycle de 9 mois comme le blé. Dans le cas de l’orge, la récolte est plus précoce. Il devient alors possible de faire succéder à une culture d’orge un fourrage tel le sorgho. Sous des climats plus favorables, tel qu’en France, afin de gagner du temps, des agronomes testent des semis de fourrages au sein même d’une culture d’orge non encore mûre. Il s’agit de la technique dite du semis sous couvert.

    Il s’agit là de pratiques novatrices qui nécessitent une bonne connaissance du cycle des espèces et de la variabilité de leurs différentes variétés en terme de date de semis. Des chercheurs du Cirad de Montpellier préconisent même d’acclimater des espèces végétales ouest-africaines connues pour leur grande vigueur de croissance.

    DES EXEMPLES DE COMBINAISONS INNONBRABLES

    Les exemples de deux récoltes par an sont nombreuses. Précisons d’abord, qu’on distingue deux types de cultures selon leur date de semis: les cultures d’hivers (céréales à paille, légumes secs, colza, pois protéagineux), et celle de printemps (maïs, tournesol, betterave à sucre). Selon les variétés, certaines cultures peuvent parfois être semées indistinctement au printemps ou en hiver. Certes, le raccourcissement du cycle, suite à un semis plus tardif, peut se traduire par une baisse de rendement.

    Cas de la rotation fourrages-céréales. Il est possible de semer un fourrage dès le mois d’août, de le faire pâturer dès la mi-septembre puis de semer une céréales début novembre. Maîtriser la technique du non labour avec semis direct peut permettre une implantation plus rapide de la deuxième culture.

    Cas d’un fourrage-tournesol. On peut penser à l’installation dès l’automne d’un mélange de vesce-avoine
    récolté au printemps comme foin puis à une implantation immédiate d’une culture de tournesol recevant une irrigation d’appoint aux stades les plus sensibles du cycle. Une récolte « précoce » du fourrage de vesce-avoine ne se traduit pas par un manque à gagner. Traditionnellement ce type de fourrage est récolté tardivement. L’agriculteur espérant ainsi obtenir plus de biomasse. Il est encouragé en cela par le déficit national de 4 milliards d’unités fourragères qui est à l’origine d’une forte demande. Mais cette augmentation de biomasse se fait au détriment de la qualité. Il y a une baisse du taux de matières azotées.

    Toujours avant un tournesol, une orge peut-être implantée à l’automne et récoltée juste avant l’implantation du tournesol. Dans ce cas, il s’agit d’installer une orge à date de récolte précoce. La rapidité d’installation du tournesol peut être, là aussi, améliorée par la nouvelle technique dite du « non-labour ». Celle-ci permet d’installer une culture en un seul passage de tracteur contre 4 dans le cas d’un semis conventionnel. Le semis direct permet d’envisager le semis du tournesol au sein même de l’orge.

    Techniquement, il est même envisageable de semer le tournesol au sein du micro-climat créé par le couvert de vesce-avoine. Dans ce cas, la récolte du foin avec la phase de séchage au sol n’est plus possible (à cause de la présence des plantules de tournesol), il s’agit alors de procéder à un autre mode de récolte tel l’ensilage.

    Ce même raisonnement peut être appliqué à la rotation betterave à sucre-fourrages. Dans ce cas, les espèces de fourrages utilisées doivent être récoltées jusqu’à l’automne afin de laisser place à l’installation de la culture suivante.

    Des combinaisons peuvent être envisagées intégrant une culture de pomme de terre. La disponibilité de plus en plus grande en matériel de plantation et de récolte permet d’envisager maintenant cette culture sur de grandes surfaces.

    Dans toutes les combinaisons, il s’agira de tenir compte d’éventuels arrières effets des herbicides utilisés. En effet, certains herbicides peuvent réduire le rendement de la culture même plusieurs mois après leur utilisation. On utilisera donc des produits compatibles.

    Dans le cas de l’implantation pour deux années d’une prairie de légumineuses (luzerne) diverses combinaisons peuvent être envisagées. Dans le cas d’une implantation de printemps, une culture courte telle que le colza fourrager peut être imaginée. L’installation de cultures de familles botaniques différentes est un gage de réussite. En effet le cortège de prédateurs d’une légumineuse est rarement le même que celui d’une crucifère ou d’une céréale.

    Les nombreuses combinaisons possibles dépendent du système d’exploitation (matériel disponible, présence d’animaux, technicité) du type de sol et des caractéristiques du micro-climat local.

    UNE CONDITION, PRESERVER LA FERTILITE DU SOL

    Afin d’être réussie, la technique de deux récoltes par an nécessite de disposer d’un sol avec une bonne fertilité, notamment un taux correct en matières organiques. Seule cette fertilité permet de bien valoriser les engrais et d’améliorer la rétention de l’eau dans le sol (pluie, irrigation d’appoint).

    Cette amélioration de la fertilité passe par l’apport régulier de fumier ou d’engrais vert. Une telle démarche d’amélioration pourrait être encouragée par une politique d’indexation de l’octroi des subventions selon par exemple le taux de MO du sol, la plantation de haies en bordure de parcelles,la réalisation d’ouvrages simples ou de bandes enherbées favorisant l’infiltration des eaux de pluies en freinant leur ruissellement.

    Ces actions d’amélioration de la fertilité peuvent être également réalisées par l’abandon du labour et l’utilisation du semis direct. Il a été constaté que ce mode de semis permet une amélioration du taux de matière organique du sol et une meilleure capacité du sol à emmagasiner l’eau de pluie.

    CONCLUSION:

    La technique de deux récoltes par an se caractérise par un manque criant de références techniques. Cela peut s’expliquer par le mode d’organisation actuelle de la recherche agronomique. Les recherches sont menées par type de cultures et non pas par systèmes d’exploitation; d’où un cloisonnement préjudiciable et la difficulté d’obtenir des références. L’association de l’élevage ovin à la culture des céréales constitue également un frein. En l’absence d’une réelle politique d’intensification fourragères, les chaumes de céréales représentent un fourrage de substitution. Ce qui n’encourage pas à installer une deuxième culture. Par ailleurs, le choix en cultures est réduit (manque de vulgarisation, manque de semences, absence de vision à long terme des décideurs agricoles). Il faut ainsi signaler que les culture de betterave, de colza et de tournesol n’ont jamais été encouragées par les services agricoles. Pourtant dans le cas des deux dernières, elles ne nécessite pas de matériel spécifiques ni installations de transformation particulières (un pressage à froid des graines est même envisageable au sein d’huilerie proches des exploitations).

    Par ailleurs, le développement de l’irrigation d’appoint est relativement récent. La fourniture des agriculteurs en enrouleurs est loin d’être la norme même si leur production par une entreprise publique locale (Anabib) constitue un sérieux atout. D’autant plus qu’il s’agit de disposer d’un point d’eau sur l’exploitation. A cet égard le recyclage des eaux usées par des stations d’épuration permet de disposer de quantités d’eau supplémentaires et de boues d’épuration pour des amendements organiques. Cette disponibilité en eau peut être augmentée par l’encouragement des agriculteurs à lutter contre le ruissellement des eaux de pluies. Il s’agit également d’améliorer la fertilité des sols seul garant de systèmes de cultures intensifs. Il faut signaler que si l’agriculteur français veille à mettre très régulièrement du fumier et autres amendements organiques sur ses parcelles de grandes cultures, cela reste rarement le cas en Algérie.

    Le développement de deux récoltes par an repose également sur l’extension du semis direct. Celui-ci réduit le temps et le coût d’implantation des cultures. A cet égard, son extension à l’ensemble des parcelles menées sans irrigation d’appoint permettrait une meilleure efficacité de l’utilisation de l’eau du sol.

    Obtenir deux cultures par an nécessite une plus grande technicité de la part des exploitations agricoles. Le coût de l’irrigation implique la maîtrise des autres facteurs de rendements: variétés, produits phytosanitaires et engrais. Il s’agit en effet d’un mode de pensée nouveau. Cela oblige à envoyer des missions d’études composées d’agriculteurs et de cadres de terrain à l’étranger afin de voir ce que font des agriculteurs. Cela implique l’acquisition de références techniques et la mise en place d’un suivi technique assuré par des cadres motivés et compétents. Il ne s’agit pas en effet de créer un divorce entre de grandes exploitations qui auraient accès à l’irrigation d’appoint et donc à ce mode d’intensification et d’autres plus petites sans moyens.

    Le fort développement actuel d’un élevage laitier et la demande induite en fourrages est un facteur qui peut conforter les exploitations à adopter ce genre d’approche novatrice seule capable de répondre aux défis d’une meilleure auto-suffisance alimentaire.

  11. Agronome Says:

    Mr Naïli parle des potentialités qu’offre le territoire national. UNe réflexion à ce sujet.

    LE SUCRE EN ALGERIE, LE NON SENS D’UNE POLITIQUE AGRICOLE.

     Djamel BELAID Ingénieur Agronome. 04.03.2014

    La demande en sucre est forte en Algérie. Paradoxalement, Il n’existe aucune production locale. Pourtant notre voisin marocain produit, bon an mal an, plus de la moitié de ses besoins à partir de betterave et de cannes à sucre. Pourquoi ce qui se fait à l’Ouest de nos frontières serait impossible en Algérie alors que le contexte climatique est identique? Nous nous proposons d’analyser les moyens de réduire le niveau des importations.

     AGIR SUR LA CONSOMMATION DE SUCRE EN ALGERIE.
    La forte consommation locale en sucre est due à l’augmentation de la population et de son niveau de vie, le soutien des prix par les pouvoirs publics, les habitudes alimentaires et la contrebande de sucre aux frontières. On peut parler de sur-consommation de sucre. Les statistiques le montrent, l’excès de consommation de sucre et le manque d’activité physique est la cause d’un fort taux de diabète en Algérie. Il est possible d’agir afin de revenir à des standards de consommation plus raisonnables.
    Au niveau des consommateurs, il est possible de développer une éducation nutritionnelle dès le plus jeune et des actions de préventions chez les adultes. Des actions telles le « sport sur ordonnance » sont particulièrement prometteuses*.
    Au niveau économique, un autre mode de subvention des prix (envisager une « vérité des prix » quitte à relever le niveau des prestations sociales) afin de réduire le différentiel de prix par rapport aux pays limitrophes et ainsi réduire l’intérêt de la contrebande de sucre.

    Enfin, il existe un mode d’action immédiat, c’est vers les industriels. Ces derniers utilisent de fortes quantités de sucre notamment dans les sodas, les biscuits, glaces et desserts. Un des moyens d’action des pouvoirs publics serait de conclure des « chartes d’engagement » avec le secteur de l’agro-alimentaire. Il serait possible de définir des taux de sucre dans les produits et des seuils à ne pas dépasser. Ces seuils limite sont facilement vérifiables par des laboratoires de contrôle. Le dosage du sucre dans un soda par exemple, est en effet réalisable par tout laboratoire de base et constitue un point de contrôle redoutable.
     En France, une telle démarche à permis de soustraire du marché 10000 tonnes de sucre. La poursuite de cette politique pour les matières grasses et le sodium a également permis de soustraire du marché 400 tonnes de matières grasses et 200 tonnes de sodium**.

    PRODUIRE LOCALEMENT DU SUCRE.
    Il s’agit tout d’abord de préciser que l’Algérie n’est pas auto-suffisante en sucre raffiné ni même exportatrice nette. L’activité actuelle de production de sucre blanc repose sur l’importation de matière première brute qui est raffinée. L’arrêt de l’importation de cette matière signifierait l’arrêt de ce raffinage. Et les stocks moyens de sucre raffiné ne couvrent que 3 mois de consommation locale.

    Afin de répondre à la demande locale en sucre, il y a plusieurs voies envisageables: produire du sucre à partir de betteraves sucrières ou de cannes à sucre, produire des produits sucrants à partir de dattes, de raisin, de figues ou d’agave (comme au Mexique) enfin produire des édulcorants tels le stévia.
    L’expérience de l’agriculture algérienne montre que produire du sucre à partir de betteraves sucrières est possible. Cela a été le cas dans les années 70. Pour s’en convaincre il suffit de consulter sur you tube les réalisations des planteurs marocains de la Cosumar et les succès engrangés. Aujourd’hui, il est plus facile de produire de la betterave sucrière que dans les années 70. Il y a plusieurs raisons à cela. Les progrès de la génétique ont permis de mettre au point des semences mono-germes qui évitent la laborieuse dite du démariage. Il existe toute une panoplie de matières actives sélectives permettant de réaliser un désherbage chimique, certes quoique onéreux, mais efficace. L’expérience marocaine montre que l’irrigation au goutte à goutte permet une économie d’eau. Enfin, le machinisme agricole permet des récoltes semi ou entièrement mécanisées. Reste deux opérations délicates; l’acheminement des productions aux usines de transformation et la maîtrise de la transformation des betteraves en sucre. Les récents succès en matière de production locale de pomme de terre montrent l’extraordinaire capacité d’adaptation technique des agriculteurs algériens lorsque l’environnement économique est favorable (prix rémunérateurs). Il est un autre secteur où les agriculteurs et des industriels agro-alimentaires ont montré leur maîtrise de la logistique complexe de l’acheminement rapide d’un produit frais, c’est celui de la tomate industrielle. Dans le cas de la betterave, les racines pouvant être momentanément stockées, ce type d’opérations est à la portée des opérateurs locaux. Quant aux usines de transformation, bien que l’investissement de base soit conséquent, la technologie d’extraction n’exige pas de technologie sophistiquée. Le procédé industriel consiste en effet en une simple découpe des racines en fines lamelles afin de faire passer une eau portée à 70°C pour obtenir un jus qui sera progressivement séché.

    Outre la réduction des importations de sucre, la ré-introduction de la betterave à sucre permettrait la production de sous-produits (pulpe de betteraves) qui est un excellent aliment pour le bétail. Un tel projet nécessiterait une coopération avec la filière sucre marocaine et avec l’Institut Technique de la Betterave (France).

    PRODUIRE LOCALEMENT DES PRODUITS SUCRANTS.
    La production de produits sucrants par l’utilisation de dattes existe déjà en Algérie. C’est par exemple le cas avec la production de rob. L’extension de ce type de production passe par le développement de l’irrigation par goutte à goutte, la mobilisation d’amendements organiques (Bois Raméal Fragmenté) et la production locale de nacelles élévatrices afin de favoriser les différentes opérations (taille, pollinisation, éclaircissage, récolte).
    La culture du raisin de table connait actuellement un engouement certain. On peut penser à une future production de raisins secs comme remplacement du sucre dans la pâtisserie et biscuiterie. L’intérêt de produire des concentrés de sirops de raisin devrait être étudiée.

    L’extraordinaire succès de la culture de pomme de terre et les surplus observés dans certaines régions montrent l’extraordinaire capacité d’adaptation agronomique d’exploitants agricoles. Certes, comme le fait remarquer l’agro-économiste Omar BESSAOUD, cette réussite ne doit pas cacher qu’elle s’inscrit dans un contexte particulier: « dans le financement quasiment gratuit des investissements de quelques dizaines de milliers d’exploitations, bénéficiant de fait de marchés nationaux très rémunérateurs aujourd’hui, parce qu’il s’agit de produits périssables peu soumis à la concurrence internationale ».

    Les surplus de pomme de terre pourraient permettre d’envisager une source d’amidon pour la production par hydrolyse de sirop de glucose comme le font les Américains avec le maïs. On veillera cependant aux risques d’obésité qu’une trop grande consommation de sirop de glucose peut engendre.
    Jamais testée localement, l’exploitation de l’agave pour son sucre mérite d’être étudiée. Il s’agirait de déterminer les zones potentielles de culture et d’envisager les procédés les plus appropriés afin de récolter le sucre d’agave. Enfin, la culture de la stévia mérite une attention particulière.

    SE PREMUNIR DES MIRAGES DE « L’EXPORTATION » ET PENSER DEVELOPPEMENT RURAL
    Il nous semble que le patriotisme économique serait de produire du sucre en Algérie. Les conditions qui ont mené à l’échec de cette filière au milieu des années 70 ne sont plus d’actualité. Aujourd’hui, nous avons les moyens matériels et humains pour lancer le démarrage d’une telle filière. Il nous semble que l’enjeu actuel n’est pas de développer une activité d’exportation de sucre raffiné à partir d’usines situées dans des ports et grâce aux aides conséquentes des pouvoirs publics. Comme l’écrit de façon plus générale O. BESSAOUD « Il serait illusoire de penser l’avenir de l’agriculture algérienne, uniquement au travers du filtre d’entreprises agro-industrielles virtuellement exportatrices. L’enjeu, peut être plus modeste, mais plus ambitieux à long terme est de valoriser les ressources locales, l’ingéniosité et la force de travail du million de familles paysannes. Elles occupent des territoires locaux, où l’avenir de l’agriculture et l’élevage repose d’abord sur cette fabuleuse capacité de flexibilité et d’adaptation à leur environnement que les éleveurs et agriculteurs des zones semi-arides ont su sauvegarder jusqu’ici ».
    Le démarrage de la filière sucre en Algérie aurait beaucoup à gagner d’une coopération inter-maghrébine et à s’inspirer de ce qui se fait de mieux en Europe afin de mettre à niveau les agronomes nationaux et les chefs d’exploitation.

    Références bibliographiques:
    (*) Voir en particulier les initiatives développées par l’association http://www.adiammo.fr  
    (**) GUILLOU M., MATHERON G., 2011 9 milliards d’hommes à nourrir. François Bourin éditeur. 421p.

  12. Notre immense retard dans plusieurs domaines notamment dans celui de l’agriculture (faiblesse de la production et mécanisation) provient essentiellement comme l’ont expliquer les experts de la rente pétrolière qui a aveuglé nos dirigeants et qui ont toujours relégué au second plan ce secteur combien vital pour le peuple. C’est la sécurité alimentaire du pays qui doit tenir lieu de priorité et viendront ensuite l’éducation et la santé.

  13. Garfy Says:

    c’est vrai que le cannabis passe les frontières, algériennes, espagnoles et françaises (il y a eu une grosse prise récemment) mais je crois qu’on peut en faire des briques de chanvres, des cordages, des tissus –

    et l’alfafa, c’est peut être intéressant aussi – ça pousse comme du chiendent parait-il

  14. Agronome Says:

    Une réaction suite à un article d’El-Watan sur la nécessaire coopération maghrébine en matière agricole.

    ALGERIE : LES LECONS DE L’AGRICULTURE MAROCAINE.
    Djamel BELAID Ingénieur Agronome 2.03.2014

    Relatant la rencontre à Paris entre les ministres Français et Algérien de l’Agriculture, dans le cadre du Salon International de l’Agriculture, Sophia Aït Kaci note dans El Watan de ce jour que Mr A. NOURI a été interpelé par le délégué général d’IPEMED, Jean-Louis Guigou sur le manque de coopération entre les pays du Maghreb, rappelant que le coût du « non-Maghreb » est estimé entre 3 et 9 milliards de dollars par an par la Banque mondiale. Il est vrai que nous avons tout à gagner sur le plan alimentaire d’une intégration agricole maghrébine. En matière agricole, nous avons à apprendre du Maroc.

    SUCRE, 50% DES BESOINS ASSURES PAR LA BETTERAVE ET LA CANNE A SUCRE
    Aussi étonnant que cela puisse paraître, comme à Cuba, la canne à sucre est cultivée au Maroc. Cette culture est ancienne puisque les archéologues ont retrouvé des traces d’anciens bassins à sucre datant du 16ème siècle. La betterave à sucre est également cultivée sur de larges périmètres irrigués. Ces deux cultures assurent, bon an mal an, 50 % de la demande intérieure en sucre. La compagnie Cosumar assure un suivi agronomique des agriculteurs. L’apparition des semences mono-germes, d’herbicides sélectifs et de machine de récolte permet une mécanisation de plus en plus poussée. Les bonnes années, les rendements n’ont rien à envier à ceux des planteurs européens. En Algérie, il faut rappeler que la culture de la betterave a été abandonnée dans les années 70. De ce fait, mis à part le sucre de dattes, nous sommes dépendants à 100% de l’étranger.

    Vidéo : récolte mécanisée de betteraves http://youtu.be/cH52HwrP36w

    FILIERE OLEAGINEUX, DEJA LES PREMIERES VARIETES DE COLZA
    En matière de production d’huile, le Maroc se distingue par une production locale en provenance du colza et du tournesol. Cultures à peine testées en Algérie puis passées par la trappe. D’où une dépendance actuelle de 95% vis-à-vis de l’étranger.
    Certes la production marocaine d’oléagineux connait des hauts et des bas en fonctions du soutien accordé par les pouvoirs publics aux producteurs. L’existence d’une production locale de colza a permis à l’INRA de Meknès de créer les premières variétés marocaines. La presse marocaine signale que « Le ministère de l’Agriculture et la Fédération interprofessionnelle des oléagineux ont signé un programme de développement de la filière locale qui prévoit de porter les surfaces de tournesol et de colza au Maroc de 44 000 à 127 000 hectares d’ici à 2020 ».

    Lien : Développement des premières variétés de colza Maroc webagris.inra.org.ma/doc/awamia/125-12601.pdf‎

    CEREALES, CAP SUR LE SEMIS DIRECT
    En matière de conduite des céréales, le Maroc est un des pionniers du non labour avec semis direct. Le centre d’arido-culture de Settat a acquis des références qui prouvent que cette technique permet non seulement de stabiliser à la hausse les rendements mais également de préserver la fertilité des sols. Mieux, aidés par des experts en machinisme une entreprise marocaine (ATMAR) a entrepris la production locale de semoirs pour semis direct 3 fois moins chers que ceux importés d’Europe.

    Vidéo : L’expérience su semis direct http://youtu.be/FqqJVdVL5Xw

    IRRIGATION, LES PROGRES DU GOUTTE A GOUTTE
    Mais c’est en matière d’irrigation et de gestion de l’eau que les progrès sont les plus grands. Lorsqu’il est question de canne à sucre, betterave ou maïs, il n’est pas rare de voir des parcelles irriguées au goutte à goutte. Dans les grands vergers d’agrumes et les serres, à l’eau d’irrigation sont ajoutés des engrais faisant des agriculteurs marocains des experts en matière de fertigation. C’est également le cas dans les oliveraies modernes. Au lieu de planter les arbres aux densités habituelles, les arbres sont rapprochés les uns des autres. L’apport d’eau et d’engrais à même la plante permet un développement adéquat des plants. La taille est mécanique et permet de garder un petit gabarit aux oliviers. La récolte peut être assurée mécaniquement et dans la trémie de la machine ce sont des milliers d’olives qui sont engrangées et ramenées à l’huilerie.

    Video : parcelle de betterave irriguée par goutte à goutte http://youtu.be/6988P-dSVdk

    VULGARISATION: MAROC 4 – ALGERIE 1
    Avec l’irrigation la vulgarisation est l’un des points forts de l’agriculture marocaine. Alors que sur le Net on ne trouve que peu de références agronomiques algériennes concernant les cultures en milieu sec ; il suffit de rajouter « Maroc » au moteur de recherche pour voir défiler plusieurs publications de très bonne facture. Chose extraordinaire, ces références agronomiques parfois de très grandes valeurs sont en libre accès. C’est par exemple le cas de la valorisation de l’orge en aviculture afin de remplacer le maïs importé. Or, le plus souvent sur les sites agronomiques algériens l’information est délivrée au compte goutte laissant agriculteurs et étudiants dans l’ignorance et obligeant à refaire ce qui a été déjà trouvé par des chercheurs.
    Il n’est pas rare de voir des agriculteurs algériens prendre l’habitude de consulter directement des sites marocains. Tel cet agriculteur se lançant dans la culture des lentilles et affirmant s’appuyer sur des préconisations trouvées sur un site marocain.

    Lien : Cours en ligne sur la reproduction ovine. http://www.ma.auf.org/ovirep/cours3/mort.htm‎

    CONCLUSION
    Tout n’est pas rose en matière de développement agricole au Maroc. En témoigne la production de cannabis pas les petits paysans pauvres des zones de montagnes. Le développement de grosses exploitations au standard européen essentiellement tournées vers l’exploitation n’est pas une réponse aux besoins du développement local. Le chômage reste en effet élevé au Maroc. Il reste cependant que dans plusieurs domaines l’agriculture marocaine est plus avancée. L’expérience acquise par les agronomes, techniciens et agriculteurs marocains pourraient contribuer à gagner plusieurs années dans la course vers plus d’auto-suffisance alimentaire. En effet, leur expérience provient de conditions climatiques identiques au nôtres. Du côté tunisien nous aurions également des choses à prendre comme cette variété de sulla (fourrage) sélectionnée par les agronomes locaux ou l’expérience des groupes de développement agricole (GDA). En définitive, le développement agricole semble dépasser les frontières.

  15. Agronome Says:

    Un bonjour à chacun. Une contribution sur l’intérêt de la culture du colza en Algérie.

    PLAYDOYER POUR L’INTRODUCTION DE LA CULTURE DU COLZA EN ALGERIE.

    Djamel BELAID. Ingénieur Agronome.

    La culture du colza est inconnue en Algérie. Il s’agit là d’une situation ubuesque. En effet, le colza est une plante qui peut pousser correctement sous notre climat. En témoignent son succès au Maroc ou les essais agronomiques réalisés Khémis Milliana ou encore la présence au bord des routes d’une plante cousine du colza : la moutarde sauvage. Malgré cette absence de culture du colza dans nos champs, le consommateur Algérien a chaque jour de l’huile de colza dans son assiette. Comment développer cette culture en Algérie et ainsi réduire les importations ?

    LE COLZA : EN PLUS DE L’HUILE, DU FOURRAGE.

    Aussi paradoxal que cela puisse paraître, le colza pourrait rapidement se développer en Algérie autant du fait de sa capacité à produire de l’huile que comme source d’aliment du bétail. Une fois pressées, ses graines donnent un sous produit : le tourteau de colza fortement apprécié par les animaux d’élevage.
    Par ailleurs, les plants de colza peuvent être pâturés par les animaux dès l’automne et cela jusqu’aux gelées hivernales. On peut penser que disposant de semences de colza, les agriculteurs pourraient consacrer une partie de leurs parcelles pour la production de graines et une autre pour le pâturage.
    Les graines de colza sont de petites tailles et ont la faculté de germer rapidement dès la mi-août à la moindre humidité du sol. Pour une utilisation pour le pâturage, on peut penser à des irrigations estivales d’appoint avant que les pluies automnales ne prennent ensuite le relais.
    Pourquoi mettre en avant cet aspect comme fourrage et aliment du bétail du colza ? Il faut savoir que le revenu des agriculteurs provient en grande partie de leurs élevages.
    Le colza présente cette particularité d’être utilisable par les ovins, bovins et même volailles. Dans le cas des ruminants, on peut même penser à l’utiliser en mélange avec l’orge cultivée en hydroponie.
    Toujours concernant les ruminants, le colza permet de produire rapidement une grande masse de fourrages verts dès la fin de l’été. Un autre avantage est de pouvoir être utilisé afin d’augmenter le taux de matières grasses dans les rations des volailles. Cette augmentation du taux de matière grasse est primordiale. Il permet d’augmenter le taux d’incorporation d’orge locale en remplacement du maïs importé. Mélangé à du pois protéagineux, le tourteau de colza se rapproche du colza pour l’apport protéique.
    On le voit autant en élevage de ruminants que de volailles, le colza permet une plus grande liberté de choix des éleveurs dans l’élaboration des rations alimentaires. Or, actuellement, les éleveurs ne possèdent pas d’accès à des tourteaux. Le choix en matière d’aliments concentrés pour l’élaboration des rations se limite à l’orge et au son.

    COLZA, PRIVILEGIER LES CIRCUITS COURTS DE TRANSFORMATION

    Les graines de colza peuvent être très facilement pressées pour donner de l’huile et un sous produit : les tourteaux. Il suffit pour cela de disposer d’une presse et de moyens pour décanter quelques jours l’huile produite avant de la mettre en bouteille.
    Cette simplicité milite en faveur d’unités de pressage à froid et de circuits de commercialisation courts. Elle peut permettre des prix plus rémunérateurs. Rien n’empêche également la mise en place de circuits plus longs tels qu’ils existent pour les céréales avec la vente de la récolte aux organismes de collecte traditionnels.
    La culture du colza nécessite le même matériel que celui utilisé pour le blé. Autre avantage, c’est une culture d’hiver ; le semis se fait en automne. Le cycle de la plante se déroule donc en période humide. Il n’est pas besoin d’irriguer comme dans le cas du tournesol qui se sème au printemps. Enfin, la culture du colza bénéficie de nombreuses références techniques du fait de sa culture en France et au Maroc.
    Un autre avantage non négligeable du colza est qu’il permet d’élargir le choix en matière de rotations culturales. Car souvent après un blé c’est de l’orge ou du fourrage de vesce-avoine qui est planté. Il y a donc chaque année une céréale sur la parcelle ce qui favorise le parasitisme tel les vers blancs. Enfin, le colza peut être moissonné dès le mois de mai ce qui permet d’installer une culture intermédiaire surtout lorsqu’on dispose d’irrigation d’appoint.

    En conclusion, il apparait que le cas du colza révèle un bel exemple d’échec de vision à long terme de l’agriculture algérienne. Certes, beaucoup a été fait ces dernières années afin d’augmenter les productions, cependant le cas du colza illustre les lourdeurs d’une gestion bureaucratique. Il est nécessaire pour les cadres du Ministère de l’Agriculture et les agronomes Algériens de voyager et de voir ce qui se fait à l’étranger. Face à l’immobilisme ambiant faut-il continuer à attendre la permission de cultiver du colza? Il nous semble que c’est aux céréaliers et aux éleveurs de s’emparer du sujet en organisant l’importation de semences de colza non OGM et selon la législation en vigueur. En produisant localement du colza les agriculteurs feront preuve de patriotisme économique et assureront la pérennité de leurs élevages.

    Lien :
    Huile de colza : pressage à froid chez un agriculteur français. http://youtu.be/YvOFOnJKyK8

  16. Jetons un œil sur ce que font en agriculture (et surtout en tourisme) nos voisins de l’Est,de l’ouest et du Sud!Qu’en pensez vous?Faut-il sortir de Saint- Cyr pour deviner ou est l’erreur?Trop de social tue la société;laissons les énergies se libérer!

    • « sortir de Saint-Cyr » non c’est juste une expression – mais sortir de l’ENA surtout pas – (mais peut être que ceux de Saint-Cyr seraient plus aptes à aider sur le terrain)

      quant à vos voisins – je pense au Maroc, il faudrait gratter un peu pour savoir si c’est le roi qui a fait ce qu’il fallait –

  17. http://inpn.mnhn.fr/actualites/lire/1181/wanted—appel-a-temoin-

    si ça continue, effectivement l’agriculture ne sera plus une fin en soi

  18. le malheur chez nous c’est qu’on aime copier que ce qui n’est pas bon ailleurs, ou en parlant agriculture,écologie et environnement on refait systématiquement les erreurs des autres, à croire qu’on est fermé comme la corée du nord qui serait plutot respectable par rapport à notre Etat
    j’ai quand à moi essayé d’ajouter ma part de ‘colibri’ ( pierre Rabhi pour ceux qui veulent voir la vie autrement ) alimenter un blog de choses alternatives, saines et propres, résumées ici
    http://mazbalalala.blogspot.com/search/label/Energie%20gratuite

    • mercI pour ce lien – j’ai bien aimé entr’autre, le créateur du « jeudi sans viande » ici c’était le vendredi mais on l’a oublié depuis longtemps –

      donc ok pour le JEUDI SANS VIANDE

      la lettre du colibris peut être reçue par tous.

    • il n’y a pas que chez vous qu’on aime copier – souvenez-vous de Rachel Carson aux US qui dénonçait le DDT – et nous combien de temps avons nous mis pour ne plus l’autoriser ….. Je me demande d’ailleurs si c’est bien effectif ………

      De plus maintenant, on est à la solde de Bruxelles – alors c’est pas mieux que chez vous

  19. http://dailygeekshow.com/2013/06/01/cultiver-votre-jardin-dans-lunion-europeenne-pourrait-bientot-devenir-un-acte-criminel/

    ne pas nous imiter svp (vivement qu’on en sorte ………) et toutes les autoroutes ne nous aideront pas ………

    LA TERRE EST PRIORITAIRE

  20. où sont fabriqués les panneaux solaires –
    ils sont polluants à la fabrication et à la destruction –

    Nikolas Tesla avait travaillé sur « l’énergie libre » – dommage –

    oui l’agriculture est un fin en soi – elle a pour but de nourrir les hommes – de les faire vivre

  21. bonjour
    dans le cadre rural , et pour les éleveurs et autre agriculteurs de la région de Kabylie , nous leurs proposons des systèmes solaires pour couvrir leurs besoins en Electricité et en en énergie thermiques . etude et devis gratuit .

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