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Hydraulique agricole : La bataille du sud

Posted in Productions animales et végétales, Ressources naturelles with tags , , on 5 juillet 2011 by Paysans d'Algérie

A partir de Khenchela, une wilaya du bassin semi-aride, voire aride, du sud-est du pays, le ministre des ressources en eau, Abdelmalek Sellal, a affiché ce lundi 4 juillet un optimisme singulier sur les disponibilités hydriques en Algérie.

Deux semaines auparavant, 60 hectares de cultures maraichères ont été détruits par les autorités locales dans la wilaya de Tiaret pour éviter la surexploitation de la nappe souterraine d’où est alimentée cette région en eau potable. Les services de l’hydraulique de cette wilaya ont expliqué alors que le débit de cette nappe chute de plus de 50% dès qu’il y a exploitation pour irrigation. Dans cette région des hauts plateaux, l’agriculture irriguée est donc interdite.

Pourtant, il y a une année, le ministre de l’agriculture et du développement rural s’enorgueillissait en évoquant les perspectives de l’agriculture irriguée dans les régions du sud : « L’agriculture saharienne connaîtra dans les années à venir un bond qualitatif au regard des efforts consentis par l’Etat dans ce cadre », expliquait le ministre qui mise sur 300 000 hectares dans le Sahara à consacrer aux cultures céréalières seulement.

Des réserves de 5 milliards m3

D’un côté, il faut retenir que l’agriculture dans le sud est exclusivement irriguée à partir des nappes souterraines, dont le potentiel est estimé à 5 milliards de m3 mais non renouvelables (fossiles).

Irrigation dans une oasis à Biskra/ Photo M. Naïli

De l’autre côté, il faut savoir que ces eaux souterraines se caractérisent par un taux de salinité assez élevé, notamment les eaux les moins profondes. A ce moment là, l’agriculture saharienne est confrontée à un double défi à moyen et long termes : Il s’agit de la disponibilité des ressources hydriques qui demeure incertaine dès lors que ces réserves souterraines sont fossiles, ce qui risque d’anticiper leur épuisement étant donné que la nappe est surexploitée dans les régions où l’activité agricole connaît un développement intensif ces dernières années à la faveur des politiques de soutien mises en œuvre par les pouvoirs publics, à l’instar de Biskra, El Oued, Ghardaïa ou Adrar.

Remontée des sels

Cependant, le taux de salinité élevé de ces eaux souterraines est l’autre problème qui se pose à l’agriculture dans les régions sahariennes. Dans la période actuelle, il a été constaté qu’à l’exception des forages réalisés dans le cadre des programmes publics de soutien à l’agriculture, des centaines de petits exploitants agricoles dans les régions du sud ont réalisé des forages avec leurs propres moyens, donc ils se contentent des eaux de la nappe phréatique qui est moins profonde, donc les forages sont moins coûteux. Ce qui a engendré un impact désastreux sur les sols de plus en plus affectés par les sels.

De nombreuses exploitations sont déjà abandonnées après la baisse de leurs rendements due à la remontée des sels.

Certes, dans la conjoncture actuelle, l’agriculture saharienne couvre une partie majeure des besoins locaux en produits agricoles, mais, elle est loin de garantir la sécurité alimentaire du pays.